Après une semaine particulièrement mouvementée, j’avais envie d’écrire une note sur mon métier et de parler de la façon d’aborder le métier d’avocat, dans certains cas très “sensibles”.
Et puis, en revenant chez moi, j’ai écouté Sly Stone … et j’ai changé d’avis.
Sly Stone est l’un des plus grands musiciens de la musique noire. Sans lui, pas de Prince.
Il y a bien entendu d’autres légendes de la musique noire, plus connus que lui, mais Sly a été le premier à concevoir la musique comme un gigantesque melting-pot : noirs, blancs … soul, funk, jazz, rock …
Sans Sly Stone, pas de Prince (le premier qui maudit Sly Stone pour ça, il sort direct …).
Il a éclaté à la face du monde en 1969, au festival de Woodstock, avec une version totalement ecstatique et survoltée de “Wanna take you higher” :
Cette chanson est littéralement habitée. Hormis le riff de guitare du début et qui revient de temps en temps, elle tourne sur une seule note de basse, qui crée une sorte de vrombissement permanent, de chaudron rythmique et profondément sensuel au dessus duquel Sly et son groupe hurlent leurs incantations … and take you higher higher higher …
Dans son groupe, Sly Stone disposait d’une arme redoutable : son bassiste, Larry Graham, inventeur du slap.
Le slap, c’est ce petit claquement de la basse que vous pouvez entendre sur cette tuerie intergalactique, “Thank you falletin me be Mice Elf again“
Comme “Wanna take you higher“, ce morceau tourne sur une seule note de basse du début à la fin.
Mais, si “Wanna take you higher” est un morceau qui vous prend à peu près tout le corps, “Thank you …” parle clairement à votre bassin. Le groove de basse est une honteuse incitation au crime …
Sly Stone n’a pas uniquement fait des bombinettes ultra-funky, il a également composé des chansons plus pop, mais toujours habitées par une intense énergie vitale et une foi en quelque chose de … je sais pas quoi, mais qui me touche à chaque fois.
Parmi mes préférées, il y a “Everyday People”, qui a été samplée dans les années 90 par Arrested Development, qui l’avait fort originalement rebaptisée … “People Everyday” …
Malgré la qualité pourrie de la vidéo et les superbes coupes afro (c’est la jalousie qui me fait écrire ça …), la musique est toujours aussi exceptionnelle.
Et il y a cette ligne qui résume, pour moi, tout ce qu’est la musique : une sublimation des richesses et des beautés de son auteur, mais également de ses faiblesses et de ses peurs.
“Sometimes I’m right and I can be wrong
My own beliefs are in my song”
Ca fait écrire des choses très niaises la musique, parfois …
Et puis, il y a cette merveille … “Everybody is a star“.
C’est l’une de mes chansons préférées, tous musiciens confondus, parce qu’elle correspond peut-être encore mieux que la précédente à tout ce que peut être la musique, cette simplicité absolue, cette naiveté touchante qui feront toujours qu’un vrai musicien restera toujours un petit enfant rêveur …
“Everybody is a star
I can feel it when you shine on me
I love you for who you are
Not the one you feel you need to be
Ever catch a falling star
Ain’t no stopping ’til it’s in the ground
Everybody is a star
One big circle going round and round“
C’est une chanson extraordinaire, parce qu’elle vous laisse croire à chaque écoute que tout ce qu’elle dit est vrai … et j’adorerai toujours ce genre de musique.
Et puis, quand Sly vous chante “shine shine shine !” … il n’y a plus rien à dire, il suffit de sourire et … de briller.
Malheureusement, Sly Stone s’est arrêté de briller dans les années 70, noyé dans des excès de paranoïa de plus en plus violent et dans une tentative hélas réussie de justifier son nom de scène …
Mais sa musique parle de tout ce qu’il est, si l’on sait regarder plus loin que cette saloperie “d’attitude” et entendre et voir toutes les merveilles qu’il a à offrir.
Et, ce qui m’arrange beaucoup en cette soirée où je suis trop fatigué pour écrire plus, cette musique est suffisamment forte et puissante pour que vous puissiez vous passer de mots pour la commenter …
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