Les Penan, les chasseurs-cueilleurs de Bornéo sont en guerre pour préserver leur terres de la déforestation massive qu’elles subissent depuis des années.
En 2006, un nouveau projet de déforestation fait scandale:
Le gouvernement indonésien veut sacrifier une partie de la forêt équatoriale de Bornéo pour y créer une immense plantation de palmiers à huile.
Ce projet révolte les défenseurs de l’environnement qui affirment que le projet a pour but non avoué de fournir du bois à la Chine. Le vaste chantier de déforestation, financé par des fonds chinois, nuira inévitablement à un nombre incalculable d’espèces animales et végétales rares. La forêt de Bornéo, la plus grande d’Asie du Sud-Est, héberge notamment les derniers orangs-outans de la planète.Les forêts indonésiennes, les plus grandes du monde après celles du Brésil, sont pillées par une véritable mafia du bois. L’archipel perd chaque année 2 à 3 millions d’hectares boisés, selon des ONG. Les spécialistes estiment que les étendues arborées auront disparu de Bornéo dans vingt ans, comme elles ont quasiment disparu de Java et de Sumatra. Le ministre de la Défense indonésien Juwono Sudarsono a récemment reconnu que l’armée indonésienne n’était pas capable d’assurer une présence satisfaisante le long des frontières de l’archipel. La plantation pourrait donc par ailleurs servir d’auxiliaire des garde-frontières. Mais ces arguments laissent froides les ONG. Trois nouvelles espèces vivantes sont
découvertes par mois en moyenne à Bornéo. Ce poumon vert de la planète est l’un des écosystèmes les plus riches de la planète, selon le Fonds mondial pour la nature.
Aujourd’hui, les Penan, dont le nombre est de 10 à 12 000, sont sédentarisés en communautés mais continuent de dépendre étroitement de la forêt pour leur subsistance. Sa destruction prive les chasseurs-cueilleurs Penan de la flore et de la faune dont ils dépendent et pollue les rivières dans lesquelles ils pêchent. Sans la forêt, les Penan ne peuvent plus nourrir leurs familles.
Le gouvernement d’Etat de Sarawak ne reconnaît pas les droits territoriaux des Penan. Depuis les années 1970, tous les peuples indigènes du Sarawak ont été spoliés de leurs terres pour faire place à l’exploitation forestière
Dans leur lutte contre l’exploitation forestière et les plantations sur leurs terres sans leur consentement, des centaines de Penan ont érigé de nouveaux barrages au Sarawak. Ils demandent, légitimement, que leurs droits territoriaux soient reconnus.
Ces récentes protestations ont été organisées à peine quelques semaines après les barrages érigés par deux villages Penan voisins.
L’objectif de ces barrages est de contraindre les compagnies forestières malaisiennes Samling, Interhill, Rimbunan Hijau et KTS à mettre fin à leurs activités sur le territoire des Penan sans leur consentement. Un des précédents barrages, érigé en juin dernier dans la région de Ba Marong, a forcé une filiale de KTS à se retirer de la zone – mais les Penan craignent le retour des bûcherons.Dans une autre région, la compagnie Samling opère dans une partie de la forêt des Penan encore vierge de toute déforestation. Des observateurs craignent que la route construite par la compagnie n’atteigne dans les semaines à venir la région isolée de Ba Jawi.
Des ouvriers de ces compagnies ont menacé de mort les Penan qui continuent à résister et d’autres sont accusés d’avoir violé des femmes et des jeunes filles penan comme en témoigne Pisang, un Penan : « Je suis allé rencontrer les ouvriers la semaine dernière pour leur demander d’arrêter de détruire notre forêt. Ils m’ont répondu : ‘Il s’agit d’un projet gouvernemental. Si vous vous y opposez, nous vous tuerons. »
Des journalistes couvrant les manifestations ont été interceptés par des policiers armés de mitrailleuses et emmenés pour interrogatoire, attestant de la complicité du gouvernement.
La lutte des Penan n’est pas nouvelle, depuis plus de vingt ans, ils tentent de faire entendre leur voix, contre les compagnies d’exploitation forestière qui opèrent sur leurs terres avec le soutien du gouvernement. Dans les zones où toutes les essences précieuses ont déjà été abattues, les compagnies achèvent de défricher la forêt pour faire place aux plantations de palmiers à huile.
La Malaisie est le principal producteur d’huile de Palme (17,7 millions de tonnes en 2008) avec l’Indonésie (19,2 millions de tonnes en 2008). Ces deux pays représentent 85 % de la production mondiale et continuent d’accroître leur production au détriment de leurs forêts et leurs populations.
La demande d’huile de palme est en forte augmentation car elle est bon marché. Ainsi, l’Europe est l’un des principal importateur mondial d’huile de palme. L’huile de palme est un ingrédient discret mais très utilisé que l’on trouve dans de nombreux produits de supermarché : chips, biscuits, glaces, cosmétiques, savons, peintures et même pour la fabrication d’agrocarburants.
Il nous incombe aussi de vérifier dans les aliments que nous achetons sa présence afin d’éviter l’achat de produits qui en contiennent. La déforestation à l’autre bout de la planète trouve aussi ses raisons chez nous, dans notre supermarché…