L’info est un combat. C’est la nouvelle promesse de Libé. C’est leur vision du monde, comment ils se projettent. L’engagement est fort, une promesse qui renoue avec les racines du quotidien et ne manque pas de nous interpeller. Si ce n’est que la maquette du journal nous dit exactement l’inverse. Sage, trop sage, la maquette est bien trop sage, bien trop équilibrée, l’information semble y être encadrée, les photos et les illustrations trop propres, bien trop léchées, on pense au rapport annuel d’une entreprise, à un faire-part de mariage, (j’exagère à peine), toutes sortes de choses qui nous font dire, sans avoir pris connaissance du contenu que, malgré sa promesse, Libé certainement passe a côté de l’essentiel. La passion. Sa raison d’être.
Qu’est ce que l’information ?
Un fil rouge dans le chaos. Une certaine lecture du monde, donner un sens, une direction à la multitude des événements, au tohu-bohu, au tapage, qui chaque jour nous submerge de ses contradictions. Donner du sens à ce monde qui s’étale dans ses moindres détails grâce aux nouvelles techniques de communication. Mais si le métier de journaliste consiste à organiser l’information, (ce que Libé fait très bien dans sa nouvelle version), sa voix n’aura aucune résonance s’il se tient lui-même à l’écart des tensions, se dégage des contradictions qui par essence font le quotidien de notre planète. N’est-ce pas cette dualité qui émerge d’un bon journaliste. La cohabitation du sens et du chaos. Une mise en tension.
La problématique de Libération
Et c’est là que réside la problématique de Libération. C’est que le chaos a disparu de sa maquette. L’autre face du journalisme. Libé ne trempe plus les mains dans l’info. Libé ne nous donne plus à voir cet autre versant de l’information, le désordre et la passion qui devraient sous-tendre sa maquette (et bien évidement son contenu). L’histoire n’est pas nouvelle, depuis longtemps Libé peine à retrouver ses fondamentaux, une question de dynamique sur laquelle je ne porterai pas de jugement. La problématique de Libé est beaucoup trop sensible et complexe. Que signifie cette contradiction entre une promesse presque guerrière (renouer avec le passé) et une maquette digne d’un journal féminin. Certainement un profond malaise au sein de la rédaction. Que se passe-t-il avec le journal le plus aimé des Français ?