Quel homme n’a pas rêvé un jour de recevoir une lettre d’amour d’une inconnue ?
Stefan Zweig nous livre en 100 pages la lettre testament qu’une femme écrit à l’homme qu’elle a aimé, toute sa vie durant.
Une lettre sublime mais déchirante qui aura été la seule et unique fois où elle aura osé lui ouvrir son coeur.
Une lettre anonyme, bien que signée, qu’il reçoit d’une femme qu’il croit ne pas connaître.
Une lettre longue de deux douzaines de pages qu’elle lui livre avant de s’effacer pour toujours.
« Mon bien-aimé, je te le dis encore, je ne t’accuse pas ; je ne veux pas que mes lamentations aillent jeter le trouble dans la joie de ta demeure. Ne crains pas que je t’obsède plus longtemps ; pardonne-moi, j’avais besoin de le crier, une fois, de toute mon âme, à cette heure où mon enfant est étendu là, sans vie et abandonné. Il fallait que je te parle, une fois, rien qu’une fois. Je retourne ensuite dans mes ténèbres, et je redeviens muette, muette comme je l’ai toujours été à côté de toi. Ce n’est que quand je serai morte que tu recevras ce testament, testament d’une femme qui t’a plus aimé que toutes les autres, et que tu n’as jamais reconnue, d’une femme qui n’a cessé de t’attendre et que tu n’as jamais appelée. Peut-être, peut-être alors m’appèleras-tu, et je te serai infidèle, pour la première fois puisque, dans ma tombe, je n’entendrai pas ton appel ».
Ce livre était sans doute le seul que je n’avais pas lu de Stefan Sweig.
La réédition, chez Stock, préfacée par Elsa Zylbertein, est une délicieuse surprise. Cette lettre dérange et fait mal.
Je l’ai dévorée en une heure le temps d’un trajet en train…, en silence et d’un seul trait, alors que le paysage défilait paisiblement à la fenêtre.