En passant la douane de Moillesulaz aux portes de Genève, vous avez peut-être aperçue une affiche singulière, disant « Réservons les emplois aux Genevois, Frontaliers assez ! Le 11 octobre, votez MCG« .
Les manifestations de ce type, à caractère anti-frontaliers, ne sont malheureusement pas rares du côté de Genève, où plus de 65 000 frontaliers – majoritairement résidant en France – travaillent. Forcément, cette « minorité » imposante fait parfois grincer des dents certains habitants du canton.
Ce qui choque avec ces affiches à la douane, c’est qu’elles étaient à l’intérieur du poste de douane, et visibles de l’extérieur. Elles ont donc clairement été posées par un douanier. Dans un communiqué de presse, le Groupement transfrontalier européen condamne cet acte.
Mais qu’est-ce donc que le MCG ? Qui dirige le parti ? Voici quelques informations.
Les 10 commandements du MCG ou comment les frontaliers à Genève sont devenus responsables de tous les problèmes du canton
Mais revenons au MCG, le bien nommé « Mouvement Citoyen Genevois ». Un parti bien propre sur lui, où, vous pouvez lire sur le site les 10 commandements du MCG. Voici quelques morceaux choisis :
1. Priorité aux résidents genevois!
Il est incontournable que les résidents genevois aient la priorité. Les frontières ne doivent pas être ouvertes à tous les demandeurs d’emploi de l’Union européenne. […]
2. Cessons de brader l’emploi dans la fonction publique
La France exclut les citoyens suisses de l’emploi dans ses services publics. Nous demandons la réciproque. Genève doit réserver ses emplois dans la fonction publique aux citoyens helvétiques et aux résidents du canton.
Il faut faire cesser la situation actuelle: de nombreux frontaliers travaillent dans des secteurs stratégiques de l’Etat de Genève (impôts, informatique, ressources humaines, etc.). C’est un danger pour la sécurité intérieure de notre République, […].
3. Défense du pouvoir d’achat
[…]N’oublions pas la sous-enchère des conditions salariales provoquée par l’arrivée massive des frontaliers. […]
6. Plus d’aide pour le 3e âge, moins pour les faux réfugiés
[…] Il faut aujourd’hui stopper l’abus en faveur des faux réfugiés et autres profiteurs pour donner plus de moyens à l’aide des personnes âgées.
8. Pour une circulation qui améliore la vie
[…] il faut rendre la circulation [à Genève] plus fluide et nos quartiers plus vivables, en limitant le trafic frontalier. […]
10. Une politique exemplaire de sécurité
Genève perd son prestige en matière de sécurité. […]
Nous devons de toute urgence créer des centres de détention administrative pour les délinquants frappés d’une mesure de renvoi de notre pays […]
Si on en croit 6 commandements sur 10, les frontaliers et étrangers sont responsables de tous les maux à Genève. Bravo, parce que trouver ces raisons, ce n’était déjà pas simple, mais oser les écrire…
Le MCG : un parti populiste ? xénophobe ? anti-frontalier ? ou simplement opportuniste ?
Vous l’aurez compris, le MCG est un parti bien sous tout rapport, dont le Président, Eric Stauffer, applique à la lettre les méthodes qui ont fait le succès du français Jean-Marie Le Pen : présence sur le terrain, dénonciation des magouilles d’État, théorie du complot et propos violents et xénophobes.
En 2008, le MCG a lutté contre l’importation des déchets napolitains à Genève, contre les dealers de drogue des Paquis, contre les salaires jugés trop élevés de certains dirigeants (dont un ancien directeur du SIG dont Eric Stauffer a été lui-même viré du conseil d’administration quelques années avant).
Je vous laisse regarder la vidéo du bilan de l’année 2008 du MCG, un grand moment.
Probablement un peu essoufflé en 2009, et à la recherche d’un nouveau thème populiste, le MCG a décidé de s’attaquer aux frontaliers du canton de Genève, devenus en peu de temps, à leurs yeux, les responsables de tous les maux. Et comme par hasard, cela coïncide avec l’arrivée de certaines difficultés économiques dans le canton en particulier et en Suisse en général.
Eric Stauffer, un homme d’affaires au CV très coloré
Selon la Tribune de Genève un jugement du Tribunal fédéral, relayée par le site Acerboros.ch, Eric Stauffer, avant de fonder le MCG, était un homme d’affaire très proche de certains membres du Gouvernement de l’Ile Maurice dans les année 90. Apporteur d’affaires pour l’établissement bancaire UEB (devenue entre temps la propriété de BNP Paribas), Eric Stauffer aurait passé des contrats avec le Gouvernement mauricien pour le compte de la banque, réclamant à cette dernière la somme de 15 millions de francs suisses de commissions. A-t-il obtenu gain de cause ? On ne sait pas. Et on ne connait pas non plus la nature des fonds récupérés. Vu de l’extérieur, cela paraît un peu trouble tout ça.
Pourquoi les partis xénophobes n’ont aucun avenir politique en Suisse
Simplement parce que sans étranger il n’y a pas de Suisse. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le résultat d’une étude relayée par l’Hebdo. Imaginons seulement les Hôpitaux de Genève sans personnel Français…
L’autre raison majeure, c’est qu’en Suisse, on écoute les minorités. Or, ce type de parti les combat, et ne favorise pas l’intégration ni le consensus. C’est notamment ce qui a provoqué le départ du gouvernement de Christoph Blocher, président d’un autre parti nationaliste, l’UDC, visé récemment par la Commission européenne pour des propos racistes jugés inquiétants.
Mais surtout, il faut bien avoir en tête qu’en aucun cas les idées du MCG ne retracent l’état d’esprit de la majorité des habitants en Suisse.
Alors ne cédons pas à la panique, et respectons la démocratie en écoutant ce que ce parti populiste a à nous dire. En espérant que ce billet vous aidera à lire entre les lignes.
Quelques statistique sur les frontaliers (OCSTA) : nombre de frontaliers à Genève (données 2008)
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