Quand le choix.fr et Cécile de Word And Sound ont posé cette question, j’avoue avoir été intrigué. J’écris beaucoup de chroniques pour Indiepoprock.net, je suis l’un des co-rédacteurs en chef, je relis et corrige beaucoup de chroniques, alors j’ai commencé à me poser plein de questions à propos de l’écriture. Ce post vient donc amener un peu d’idées au débat. Alors comment chroniquer un disque ? Vaste question, et pour moi il faut d’abord …
Du temps et de l’énergie
Là c’est compliqué, mais globalement j’ai le temps d’écouter beaucoup de disques, dans les transports en commun, au boulot. Alors j’en choisis quelques uns, je note les premières impressions, puis je les réécoute, je ne sais pas combien de fois, mais beaucoup. Puis je note les nouvelles impressions que je confronte aux premières. Si j’ai suffisamment d’énergie avec une idée de phrase assez forte pour démarrer je me lance dans la chronique, en compilant les notes et retravaillant le liant entre les idées. Ensuite je laisse mûrir un jour ou deux, puis je reviens voir la chronique et je corrige tout ce qui m’horripile dans ce que j’ai pu lire, jusqu’à ce que la forme me plaise. Il m’arrive de faire relire les chroniques auprès de proches pour avoir quelques retours, et si le feedback est plutôt bon, pour moi la chronique est finie, prête à être publiée sur Indiepoprock.net, ou sur mon blog.
Ecrire
Je me souviens d’une interview de Leonard Cohen dans les Inrocks, où le chanteur expliquait que pour devenir écrivain, il faut simplement écrire tous les jours. C’est simple, mais pas si simpliste que ça, et c’est un conseil que j’essaie d’appliquer : j’écris quotidiennement un journal, je note des idées de chronique, je poste souvent des news sur Indiepoprock.net, je twitte … Ces habitudes forment un tout, qui m’a permis, au bout d’un moment, de débloquer le processus d’écriture. Un autre fait marquant : J’ai remarqué que je jetais souvent les premières phrases que j’écris pour une chronique, depuis j’ai tendance à faire un peu « d’échauffement » en écrivant n’importe quoi, ou des trucs un peu merdeux avant de m’attaquer sérieusement à la chronique en question.
Apprendre et lire
Je suis autodidacte, et comme toute personne souffrant de ce syndrome j’essaie de compenser en lisant des livres sur la musique venant de critiques célèbres, comme Lester Bangs, Greil Marcus, Simon Reynolds, et beaucoup d’autres trucs venant de chez Allia ou Tristam. J’essaie aussi de lire beaucoup de blogs et des Webzines, et j’achète aussi dans un réflexe pavlovien Les Inrocks, Magic et Noise. Bref tout ça finit par mouliner dans ma tête et me donne des idées pour progresser encore et encore sur mon écriture de chroniques, sans toutefois chercher à imiter les auteurs en question (il n’y a rien de pire que le premier bloggueur musical venu qui cherche à imiter Lester Bangs …).
Et pour finir
J’ai lu quelque part que pour avoir une communication efficace il fallait à la fois parler de soi, des autres et du contexte. C’est aussi un conseil que j’essaie d’appliquer en écrivant mes chroniques. Le contexte : j’écris des informations générales sur le groupe ou l’artiste, des mélodies, instruments, compositions que j’entends, des titres que j’écoute. Soi : Je parle de ce que je ressens, est-ce que j’aime ? Est-ce je n’aime pas ? Est-ce que je suis partagé ? Est-ce que je suis indifférent ? Est-ce que je m’emmerde ? Les Autres : Est-ce que je suis assez clair pour les lecteurs ? est-ce que mon avis est bien compris ? Est-ce que c’est suffisamment bien écrit ? Est-ce qu’il reste des fautes d’orthographe ? Est-ce que je n’ai pas fait d’erreur ? Voilà je terminerai sur ce point (Soi/les autres/le contexte) qui me plait assez bien, car j’ai noté que je faisais de mauvaises chroniques lorsque j’oubliais un ou plusieurs de ces points …
Par Mathieu