Dans la première partie, le documentaire n'y va pas par quatre chemins. On y voit défiler des images d'archive datant de l'époque Khatami, présentant des extraits des rencontres entre les ministres des affaires étrangères européens et l'équipe de négociation iranienne. Ces images correspondent à la période de suspension provisoire l'enrichissement d'uranium, pendant laquelle les réformistes prirent le parti de recréer la confiance avec la communauté internationale.
Mais le commentaire sur image est sans concession : « C'est sous la menace de l'Amérique et de ses alliés que les politiciens au pouvoir eurent peur et prirent de telles décisions », susurre la voix féminine qui accompagne le documentaire.
Puis, la journaliste ose certains anachronismes, en enchaînant, sans aucune transition, sur un événement antérieur à la crise nucléaire- qui ne vit le jour qu'en 2003 : les attentats du 11 septembre 2001. Se mettent alors à défiler des extraits vidéos de rassemblements de citoyens iraniens, une bougie dans la main, en signe de solidarité avec les victimes américaines. A l'époque, Mohammad Khatami avait également été un des premiers chefs d'Etat à condamner ces attaques.
Mais une fois de plus, le commentaire offre une lecture différente de ces événements. « Alors que l'Amérique préparait des plans d'attaque contre l'Iran, la sympathie qu'exprimèrent certains Iraniens à l'égard des Américains constitua un drôle de geste... », commente la voix off.
Avant de poursuivre : « L'équipe de négociateurs iraniens se sentait intimidée par l'Occident ». Mais selon elle, « la suspension de toutes les activités nucléaires fut une expérience amère et douloureuse pour la nation iranienne ».
En plein milieu du documentaire, c'est au guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, de prendre la parole. « Le temps de la retraite est révolu », dit-il. « Il est temps de progresser ». S'en suivent des images des élections législatives de 2004 - époque à laquelle la plupart des candidats réformistes furent invalidés par le Conseil des Gardiens - , remportées par les conservateurs ; puis, dans l'ordre des choses, la victoire d'Ahmadinejad au scrutin de 2005.
C'est là que le ton de la commentatrice commence à changer. « Les menaces occidentales ne faisaient désormais plus peur aux Iraniens », dit-elle, tandis que certaines images montrent, un peu plus tard, un discours de George Bush évoquant la menace iranienne de « l'arme atomique ».
La suite est prévisible : chaînes humaines autour des sites nucléaires, discours incendiaires d'Ahmadinejad, manifestations en faveur de l'enrichissement de l'uranium. Le patchwork d'images qui défilent omet cependant de citer d'autres voix internes qui, elles, s'interrogent sur le bien fondé des déclarations belliqueuses du président ultraconservateur.
Pour finir, la commentatrice sonne le glas de la victoire. « Les Américains, dit-elle, sont en train de changer de ton - en référence à la main tendue d'Obama - et ils acceptent de discuter avec l'Iran de ses programmes nucléaires sans conditions préalables. On peut maintenant espérer que l'Iran devienne bientôt à la fois producteur et exportateur de la technologie nucléaire... ».
Dans le camp des réformateurs, la réaction ne sait pas faite attendre. Pour eux, ce documentaire favorable au « gouvernement issu du coup d'Etat de juin » n'a aucune crédibilité. « La télévision anti-nationale (surnom donné par l'opposition à la télévision d'Etat) devrait savoir que l'actuel gouvernement manque de crédibilité et d'autorité et que ce n'est pas la bande annonce (du documentaire) qui va les aider à sauver la face », peut-on lire sur le site Internet Mowjcamp.
(Photo : image d'archive, non datée, d'un des nombreux programmes télévisés évoquant le nucléaire iranien).