Babel Actes Sud
252 pages
Résumé:
Un, deux, trois petits tours et puis s'en va : Lin a un mari, deux filles, des amitiés, des moments de rare bonheur. Inexorablement pourtant, une passion qui est aussi son métier - la danse - s'impose à elle. Jusqu'au jour où elle choisit... La virevolte, c'est cela : une impulsion irrésistible, un élan, un jaillissement qui, de l'accouchement à l'abandon et à l'envol, restent à jamais un sursaut vers la vie. La danse, le mystérieux travail du temps, le vertige et le désarroi d'être mère, l'indicible solitude, la beauté et la vulnérabilité des corps, la puissance des cycles, l'énigmatique empreinte du destin familial : dans ce livre qui jamais ne juge, il y a une force de compréhension bouleversante.
Mon commentaire:
J'aborde avec ce livre l'oeuvre de Nancy Huston que je souhaite lire depuis longtemps. Son écriture m'a beaucoup surprise. Je la croyais beaucoup moins accessible. Certes, il ne s'agit pas d'un roman linéaire. Les paragraphes sont courts, les chapitres peu longs. Le rythme est souvent haché, comme si l'auteur avait croqué sur le vif des moments de la vie de ses personnages. L'histoire de cette mère qui abandonne sa famille pour poursuivre son rêve, son idéal, est troublante. Le roman laisse transparaître un mal être ou un mal de vivre d'à peu près tous les personnages. Ce n'est pas un roman vraiment joyeux, une certaine tristesse enrobe l'histoire. L'écriture est douce et violente à la fois. On est loin de l'ode à la maternité et au bonheur de vivre en famille. L'auteur, à travers le personnage de Lin, offre une réflexion sur la difficulté de concilier une grande passion (dans ce cas-ci, la danse) avec la vie de famille. Il faut donc être prêt à accueillir ce roman que j'ai, pour ma part, beaucoup apprécié. J'ai découvert un univers troublant, mais une écriture intelligente, qui vient chercher en moi des sentiments profonds. L'histoire reste en tête bien après en avoir terminé la lecture. Un roman que je conseille donc et une auteur que je me réjouis de découvrir!
Un extrait:
" [...] Je me souviens que je montais parfois dans sa salle de danse pour la regarder travailler avec ses danseurs. Elle était assise par terre, les yeux rivés sur eux, elle hochait légèrement la tête au rythme de la musique... Quand je la voyais comme ça de profil, si belle et si absorbée, je me rendais compte que pour elle je n'étais tout simplement pas là. La maison aurait pu prendre feu, elle n'aurait pas détourné le regard de ces corps: elle les faisait danser, tu comprends, c'était ses yeux qui imprimaient tous leurs mouvements... Oui, l'intensité de son regard, c'est de ça que je me souviens le mieux. Je n'arrivais pas à croire qu'elle finirait par revenir sur terre, tourner sa tête vers moi, me reconnaître et me sourire..." p.218