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Prisoner of the State – Zhao Ziyang

Publié le 17 septembre 2009 par Woods

Prisoner of the State, c’est le journal secret tenu par Zhao Ziyang (赵紫阳), Premier Ministre chinois de 1980 à 1987 et Secrétaire Général du Parti communiste de 1987 à 1989.

En 1989, il s’oppose à l’usage de la force contre les étudiants qui occupent la place Tian An Men. Il est ensuite révoqué de ses fonctions et assigné à résidence surveillée jusqu’à la fin de sa vie en 2005. C’est pendant ces années qu’il enregistre ses mémoires sur cassettes audio. Le livre, traduit et édité par Bao Pu, Renee Chiang et Adi Ignatius, est parru en mai 2009. Il est bien entendu interdit en Chine.

Journal secret ?

L’histoire de ce journal est elle aussi intéressante. A la mort de Zhao Ziyang, ses proches ont retrouvé les cassettes audio cachée parmi les affaires de son petit fils. Ils ont réussi à les récupérer et à les faire sortir du pays malgré la surveillance étroite de leur famille.

Prisoner of the State

Prisoner of the State

Eviter le massacre

La première partie du livre raconte comment Zhao Ziyang essaye coûte que coûte d’éviter l’usage de la force contre les étudiants. Il propose à de nombreuses reprises aux autres dirigeants, et notamment à Deng Xiaoping, de communiquer avec les manifestants et d’entendre leurs requêtes dans le but de calmer le mouvement et de trouver une issue. Mais il ne convainc pas. Deng Xiaoping, qui avait décrit le mouvement de façon très dure dans la presse, refuse de revoir son jugement pour apaiser les étudiants. Pour Zhao Ziyang, c’est Deng Xiaoping le responsable.

Zhao et les réformes

La plus grande partie du livre met l’accent sur la période 80-87 où Zhao est chargé de mettre en place les réformes économiques qui sortiront la Chine de la crise où elle se trouve quelques années à peine après la fin de la Révolution Culturelle. L’application des réformes économiques est une lutte infernale contre les conservateurs qui tentent de s’y opposer, les Anciens du Parti qui sont très influents et les cadres locaux qui veulent garder leur pouvoir.

Zhao raconte comment sa mentalité évolue à mesure qu’il se bat pour réformer. Il finit par comprendre que les réformes économiques doivent être accompagnées de réformes politiques.

Le Parti vu de l’intérieur

A mon avis, cette vision de l’intérieur du pouvoir chinois est presque plus intéressante que l’analyse des événements de Tian An Men. On en apprend beaucoup sur le fonctionnement du Parti communiste et l’organisation de la communication entre les principaux dirigeants.

Même si la hiérarchie est définie de façon claire, l’influence des Anciens est telle qu’aller contre leur volonté est synonyme de suicide; coups bas, clans et attaques personnelles sont nombreux.

Une autre chose qui m’a particulièrement intéressé c’est l’importance portée à l’idéologie et aux concepts au sein du Parti. Par exemple, Zhao explique que pour faire passer les réformes il décrit la Chine comme « dans une phase initiale du communisme », sous-entendant que le modèle communiste pouvait être assoupli pour répondre aux besoins du pays. En occident, on ne serait pas passé par quatre chemins.

Petits moins

Le livre est tout à fait passionnant, cependant j’aurais aimé y voir 2 petites choses en plus.

D’abord, Zhao donne son avis sur le chemin que devrait suivre la Chine à l’avenir mais il ne donne pas son avis sur l’évolution du pays après 1992, ça aurait pu être intéressant.

Et enfin, je trouve que la préface et l’épilogue ne sont pas très élaborés. J’aurais aimé lire une analyse de l’après 89 ou une étude de l’impact de ce qu’a fait Zhao Ziyang à la tête de la Chine sur sa situation actuelle.

– Woods


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