Sûrement encore une vidéo que Jean-François Copé va s’indigner de voir circuler sur «la Toile» : ce n’est pas du journalisme honnête – entendre béni-oui-oui – et les citoyens ne devraient pas être informés des turpitudes de leurs dirigeants. Des fois qu’ils leur prennent l’envie de les mépriser comme ils doivent l’être.
De surcroît, c’est incontestablement la «semaine Eric Besson», lequel - petite ironie de l’histoire – a succédé à Brice Hortefeux au ministère de l’Immigration et de l’identité nationale – dit à raison «de la rafle et du drapeau» - et qui m’a toujours semblé un sinistre écho du «Commissariat aux questions juives» de Xavier Vallat, Darquier de Pellepoix. sans oublier du Paty de Clam, fils du principal accusateur de Dreyfus : la boucle est bouclée !
Or donc, nouvelle polémique au sein de l’UMP : Eric Besson ne veut plus entendre parler des «tests ADN», pourtant une des dispositions sinon phare tout du moins la plus controversée – et la plus contestable - de la loi sur l’immigration du 20 novembre 2007. Due, il faut le rappeler, à un amendement de Philippe Marini, sénateur de l’Oise.
Souvenez-vous : tout ce que la France connaît de gens intelligents et humanistes – vous remarquerez avec moi que l’on ne trouve jamais de cons humanistes ! - était monté au créneau contre cette ignoble idée qui visait à déterminer si les enfants des migrants demandant à bénéficier du «regroupement familial» étaient bien leurs enfants biologiques.
Ce qui au passage remettait en cause une pratique courante dans les pays africains où les morts ne manquent guère quelles qu’en soient les raisons : maladie (Sida, paludisme et autres fièvre hémorragiques, etc…), les guères et les famines. Les enfants des morts sont adoptés – parfois sans démarche officielle – par leurs frères ou leurs sœurs. Après les avoir recueillis, devraient-ils les abandonner sans famille pour avoir le droit de venir en France ? Cela nous semble monstrueux.
L’amendement n’était pas passé comme une lettre à la poste, c’est le moins que l’on en puisse dire. De surcroît, les sénateurs – désavouant peu ou prou leur collègue Marini – avaient soumis ces tests à l’approbation d’un juge et le Conseil constitutionnel avait émis une «réserve d’interprétation» non négligeable en rejetant une application systématique.
Ce sont précisément ces garde-fous qui font admettre aujourd’hui Le gouvernement enterre les tests ADN à Eric Besson – qui pourtant à son arrivée au ministère de l’Immigration comptait bien mettre en œuvre les tests ASN selon un article du Monde du 11 février 2009 Eric Besson prêt à remettre les tests ADN à l’ordre du jour - qu’il lui est impossible d’appliquer ces dispositions en respectant les dispositions contraignantes voulues par le législateur : «Le législateur a émis tellement de contraintes que le décret d’application n’est pas possible en l’état» (…) «Et moi je ne peux pas, dans le délai imparti, respecter et l’esprit et la lettre de la loi» alors que de surcroît «nos consulats ne sont pas équipés pour ces empreintes génétiques». Or, si les consulats sont obligés de faire appel à des laboratoires extérieurs, cela remet en cause la notion de confidentialité exigée par la loi.
Il n’empêche qu’à l’UMP cela rue plutôt dans les brancards. Quoi ? Un ministre de la République qui refuse d’appliquer les dispositions d’une loi… Bernard Accoyer, Tests ADN : rappel à l’ordre d’Accoyer, ne serait pas content du tout… Celui-là, depuis qu’il a quasi essayé de faire interdire les psychanalystes non médecins d’exercice – comme s’il n’avaient pas une formation très sérieuse validée par leurs pairs ! – je me retiens à chaque fois d’écrire «Aboyer»… bon chien de garde !
Et là, surprise : Nicolas Sarkozy vient de monter au créneau pour approuver la décision d’Eric Besson. Avec un argument encore plus surprenant : j’ai bien eu du mal à en croire mes yeux lorsque j’ai découvert le titre de «20 minutes» ! Nicolas Sarkozy: «Tout le monde sait que les tests ADN ne servent à rien»… Ah ? Bon… Si ce n’est pour des raisons purement idéologiques – Philippe Mariani est député de l’Oise où le FN a toujours fait des scores élevés et n’oublions pas que Nicolas Sarkozy a «piqué» l’électorat de Le Pen grâce à son discours sécuritaire notamment – il fallait donc être assez stupide pour laisser voter un tel amendement…
Il n’est pas certain que cela suffise à faire revenir le calme dans les rangs de l’UMP… Un article paru dans le Monde hier La rhétorique de gauche de l’Elysée exaspère une partie de la majorité témoigne à l’envi que la montée en puissance d’Eric Besson – transfuge du PS – au sein de l’UMP et dans le gouvernement est loin de faire l’unanimité. Au surplus, on lui prête l’ambition d’être nommé 1er ministre…
Ce qui fait bien évidemment grincer les dents d’un Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale : «Quand on pense à Matignon, il vaut mieux se mettre bien avec les députés. C’est mieux quand on est premier ministre et qu’on engage la responsabilité de son gouvernement.». Des menaces ?
Les parlementaires de la majorité lui reprochent en effet d’avoir pris seul cette décision et de l’avoir annoncée dimanche dernier sur Europe 1, sans même avoir pris la peine d’en informer les parlementaires de l’UMP ou tout du moins les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi que les présidents des groupes parlementaires de l’UMP…
Au cours d’une réunion du groupe du groupe UMP à l’Assemblée, les échanges auraient été vifs, voire «violents» selon les participants– du moins en paroles… pas encore de volées de gnons. Jean Léonetti, vice-président du groupe, lui lançant «Tu apparais comme le gentil ministre et Hortefeux comme le méchant raciste».
Pourtant, Brice Hortefeux se garde bien de l’accabler : «Éric Besson, qui a tous les éléments d’appréciation sur la mise en place de cette réforme, a indiqué la position qui était la sienne et par définition, dans un gouvernement, je suis totalement solidaire.». Sans doute aussi préfère-t-il adopter un profil bas : il a beaucoup de choses à se reprocher avec la diffusion de la vidéo où il fait indéniablement preuve de racisme…
Mais comme le «chouchou de la prof» Eric Besson agit en vrai fils putatif – non ! ce n’est pas une injure - de Nicolas Sarkozy, lequel n’a guère d’égards pour les parlementaires, même de son propre camp. Sauf quand il veut les mettre au pas si l’issue d’un vote qu’il considère comme essentiel est incertaine.
La «revalorisation du travail parlementaire» a été un vrai piège à cons, tout juste montée en épingle pour obtenir la majorité - d’une minable petite voix : celle de Jack Lang ! -au Congrès lors du vote de la «Constitution Sarkozy».