Estelle Grelier a voté contre la candidature de M. Barroso à la présidence de la Commission européenne

Publié le 17 septembre 2009 par Gezale

« Sans surprise, le Parlement européen a reconduit hier midi M. Barroso à la tête de la Commission européenne. Candidat unique désigné par les 27 gouvernements – très majoritairement de droite - de l’Union européenne et soutenu par le PPE – l’UMP européenne – les libéraux et les souverainistes europhobes, M. Barroso a été réélu sans enthousiasme à la tête de la Commission européenne.
La forte majorité qu’il a obtenue (382 voix pour, 219 voix contre – dont la mienne - et 117 abstentions) ne doit pas masquer le scepticisme et le manque de conviction qui ont entouré sa réélection. La presse nationale, dans sa diversité, du Figaro au Monde, en passant par Libération a d’ailleurs largement souligné cet état de fait…comme pour mieux mettre en avant le paradoxe de cette reconduction.
Une réélection paradoxalement sans surprise et sans enthousiasme mais non sans regrets, le principal étant de voir reconduire un Président qui, de l’avis général, n’a pas été à la hauteur de la situation durant les 5 ans d’une mandature au cours de laquelle la Commission est apparue de plus en plus affaiblie, conservatrice et libérale. Qu’à cela ne tienne, on prend donc le même et on recommence ! Faut-il s’étonner de la défiance des citoyens à l’égard de l’Europe alors que tous les grandes forces politiques ont fait campagne, en France en tout cas, sur le thème du nécessaire changement ?
Je regrette amèrement, au regard du passif de ces 5 dernières années et du bilan de l’intéressé, que toutes les grandes forces progressistes du Parlement européen (GUE, Verts, S&D;… éventuellement rejoints par des parlementaires de la ALDE) aient été incapables de présenter une candidature alternative à celle de M. Barroso.
Il est des combats, fussent-ils perdus d’avance, qui méritent d’être menés. Parce que la politique est aussi une affaire de symboles…et de courage. Souhaitant être en cohérence avec mes engagements et mes convictions, j’ai, en l’absence de candidature issue de mon groupe, déjà été amenée, lors de la précédente session - dite « constitutive » - du Parlement européen à soutenir ma collègue Eva-Britt Svensson, candidate de la Gauche unitaire (GUE) à la Présidence du Parlement .
Last but not least, je regrette enfin la position majoritaire du groupe politique auquel j’appartiens – l’alliance progressiste des socialistes et des démocrates, S&D; – en faveur de l'abstention : ne pas prendre position sur ce vote revenait en réalité à voter pour M. Barroso puisque seules les voix exprimées étaient comptabilisées dans le système du Traité de Nice – en vigueur, jusqu’à ce que les Irlandais se (re) prononcent sur le Traité de Lisbonne.
Le groupe S&D; est la deuxième force politique du Parlement européen. Il ne peut, comme il l’a fait à l’occasion des investitures des Présidents du Parlement et de la Commission européens, se contenter éternellement de choisir... de ne pas choisir sous couvert de « culture du compromis », d’«accord technique », de solidarités nationales ou de volonté affichée – et évidemment légitime – d’influencer la composition, le programme et les orientations de la future Commission – voire du Conseil européen.
Toutes ces circonvolutions expliquent, autant qu’elles l’illustrent, la crise de la social-démocratie européenne. Au final, elles aident à comprendre la désaffection des citoyens à l’égard de l’Europe….et de la Gauche ! Nous serions bien inspirés de méditer collectivement à cela !
Nous avons, avec mes camarades de la délégation socialiste française et d’autres délégations S&D;, fait le choix d’un vote clair en nous prononçant contre l’investiture de M. Barroso. Ainsi que nous l’avons indiqué, ce choix est cohérent avec les prises de position que nous avons défendues ces cinq dernières années et respecte la parole donnée à nos électeurs durant la campagne électorale des européennes. »
Estelle GRELIER
Députée au Parlement européen
Adjointe au Maire de Fécamp
Présidente de la Communauté de communes de Fécamp