Bien le bonjour, les perdrix naines
La cinquantaine imminente et le poil jaune dûment permanenté, l’Américaine Joyce dort dans son frigo pour être plus belle. Oui. Pour rester ferme et fraîche, au sens le plus strict du terme. Elle a essayé la chirurgie esthétique. Mais rien ne remplace, dit-elle, un bon gros dodo à 3°. Ses proches sont d’ailleurs formels: A 49 ans, elle en paraît 46. Notez que cela se discute en guignant la vidéo ci-dessus.
Bref, tous les soirs, Joyce enfile sa nuisette; bise sa famille; et va se recroqueviller dans le réfrigérateur, sur un petit coussin, sans vraiment dépareiller d'ailleurs au milieu des cornichons en bocal et de la dinde sous cellophane.
Notez que cette manie contrarie probablement un tantinet la vie sexuelle de Maman Frigo (pas de place pour deux dans l’habitacle, ceinture doudou), tout en contingentant sévèrement l’alimentation familiale (pas de place pour un chapon non plus, ceinture doudou).
Benoîtement, on se dit qu’à vouloir ainsi rester jeune et sexy, cette brave dame risque d’attraper froid – une grosse angine de poitrine cela peut-être fatal. Et de se retrouver dans une autre chambre froide, bien plus confortable celle-là.
Impossible, cela dit, de réfuter la théorie de la coquette Joyce. Prenez par exemple ces quatre cailles désossées. Ben, après une nuit au frigo, elles faisaient montre d’une jeunesse et d’une joliesse stupéfiantes. Sans chirurgie esthétique. On aurait pu les épouser. On a fait mieux. On les a cuisinées avec de petits fruits de saison, du laurier frais et de la gnôle charentaise. C’est tout dire.
Voilà des cailles mi-figues-mi-raisin au cognac et laurier, recette peu exigeante, quasi acalorique, à la fois moderne et rassurante, espiègle et implacable. Tayaut!
Pelez et épépinez une grappe de bons gros raisins de table blancs. Pelez et tranchez en deux quelques jolies figues vertes. Dans une jatte touillez doucement les fruits avec une généreuse lampée de cognac et de vinaigre blanc, quelques larges tours de moulin à poivre, plus trois ou quatre feuilles de laurier frais très finement émincées. Laissez macérer au frais, en mélangeant de temps à autre.
Sur la table de la cuisine, ou plan de travail comme on dit chez Roche-Bobois , disposez vos cailles désossées le ventre à l’air, façon crapaudine. Salez et poivrez. Puis écrabouillez une figue sur leurs mignons bidons, ajoutez quatre demi-raisins. Le reste des fruits? Il jouera les garnitures. Un peu de patience, que diable!
Puis pliez et refermez les volatiles avec une ou plusieurs pique(s) de bois, en aiguillonnant au passage une feuille de laurier. Sel, poivre. Arrosez enfin avec le jus de macération.
Préchauffez le four à 200°. Enfournez les bestioles pour vingt minutes. A mi-cuisson, ajoutez dans le plat le reste des figues et raisins.
Quand les cailles sont dorées et les fruits gentiment confits, servez vos convives, sans doute déjà largement éméchés. Puis retournez au frigo pour rester jeune et fraîche.
A bientôt, et vivement bientôt
PS: Oups... on allait oublier le proverbe du jour. le vlà: Trotsky tue le ski.