Le visage serein, parfois grave, Beig répond aux questions du journaliste avec un calme et une assurance étranges. « Pourquoi s'intéresser à mon passé ? C'est une question d'âge. À 20 ans, on veut fuir, voyager, s'évader. Mais à 40 ans, on s'arrête sur sa vie. On se demande qui est cette famille, des gens qui vous connaissent vaguement. »
Et puis, tout romancier s'y met, un jour ou l'autre, à ce livre sur sa vie. Lui, c'était maintenant.
Ce roman français, un titre soufflé durant une interview, part tout à la fois de cette fameuse garde à vue, mais « s'il n'y avait eu qu'elle, ç'aurait été un simple témoignage à publier chez Fixot ». Alors que, depuis quelque temps, les notes sur son enfance s'accumulaient, le déclencheur de cette garde à vue servira de révélateur, « au sens photographique du terme ».
« J'avais vécu dans un roman. Toute mon enfance est une fiction », précise Beig, touchant. Et quand un petit malin lui demande si Alain Soral a lu son livre, question lourde de sous-entendus (l'affaire en partie expliquée par Le Mague), l'écrivain bloque et bafouille un peu.
Même la question piège, de ses manuscrits, remis à l'éditeur, n'est pas éludée : « Vous refuse-t-on des livres écrits ? » demande une jeune femme. « Non, malheureusement pour moi. Mon éditeur ne me refuse rien. Il me faut deviner si le livre est mauvais ou non, parce qu'il ne me le dira pas. » Avis à Grasset : Beig est susceptible, comme tous les écrivains, mais il apprécierait sûrement un retour plus concret.
En même temps, qui irait éventrer la poule aux oeufs d'or ?
Illustration Le Pixx