"Sauvées de la faillite grâce à l'apport d'argent public, celui-là même versé par des Etats jusque-là par elles honnis, les banques s'apprêtent à distribuer de nouveau, en toute légalité et donc en toute impunité, des primes vertigineuses à quelques-uns de leurs "meilleurs" agents. ainsi, jamais la notion de "salaire" n'aura été à ce point déconnectée de toute morale voir de toute logique économique; car, ce sont ceux-là même qui ont poussé la planète humaine au bord du gouffre qui se trouvent au plus haut point récompensé. Un exemple de reconnaissance inversement proportionnelle au mérite, donc; et la preuve que la médiocratie atteint son apogée. Pourtant, une erreur serait de faire des banquiers les seuls boucs émissaires d'un système porté aux nues par toute une intellocratie. Banquiers, hommes d'affaires, politiciens, intellectuels médiatiques ou journalistes des médias privatisés, ont profité de cet argent facile. Les années 80, paradoxalement celles de l'avènement de la Gauche au pouvoir, seront celles des années fric; de la gauche "caviar" des gouvernements Mitterrand au "bling-bling" de l'actuel président, "se servir" est devenu le mot d'ordre. Se servir des institutions. Se servir des hommes. Se servir dans la caisse. Peu importe la morale et la justice qui ne sont plus des valeurs que pour les faibles; la puissance et la gloire recommandent, quand à elles, l'usage du mépris, l'écrasement du prochain et la réalisation de la fin par tous les moyens. Et pour tourner la page de ces années fric, il faudra bien plus qu'un changement d'habitudes. C'est le souci de l'autre qu'il faut élever au même rang que le souci de soi. Tout responsable d'institutions, de services ou d'entreprises devrait d'abord apprendre à "servir" avant que de pouvoir prétendre "se servir". Ce n'est plus seulement d'une réforme politique mais d'une révolution éthique dont toutes les sociétés humaines ont besoin."
"servir"- un article de Lucien Bargane paru dans le numéro 939 de l'hebdomadaire Lien Social
la photo d'accompagnement provient du blog: une femme en blanc