éd. Presses de la Renaissance, 17 euros
Clément Bosson est l'un de ces nouveaux Kerouac, baroudeur à la plume vagabonde. A l'heure des "all inclusive" et des sentiers balisées pour touristes, le jeune aventurier, lui, veut de l'évasion, pure et dure. C'est avec deux amis qu'il se lance dans un tour du monde véritable et authentique. Pas de papier glacé pour cette tête brûlée qui abandonnera son guide des States en pleine vallée de la mort. Larguer les amarres, c'est le récit de ce détachement de notre monde, pour se plonger vers l'ailleurs, c'est-à-dire d'abord vers l'autre, oubliant l'espace d'une rencontre la relation marchande.
L'aventurier qui laisse son amour Chloé sur le quai pour se lancer dans l'inconnu, s'affranchit aussi du grand réseau social et mondial. Point d'internet pour ce jeune de la génération Google and Erasmus. Into the wild world without web. La rencontre n'est plus derrière l'écran. Mais là, aux quatre coins du monde, dans un train kenyan ou sur le mont Sinaï. Ce qu'il recherche dans ce tour du monde, c'est un tour sur lui-même, se perdre quelque part pour revenir. Ce voyage initiatique, Clément Bosson le conte sur ses bouts de doigts poétiques. Son style vif et sonore est celui d'une jeunesse jubilatoire qui crève d'envie de vivre et d'aller toujours et encore. On aime le souffle de l'écriture qui s'amuse à entrechoquer les mots dans des évocations magnétiques. L'homme trace sa ronde et son destin vers des contrées nouvelles, lançant ici et là des regards fatalement critiques sur le comportement souvent indigeste de l'occidental en terre conquise. On n'en dira pas plus... Le globe-trotter nous livre sa planète à lui, sa liberté ravie au bout du conte, dans un puissant récit d'aventures.