Une autre semaine à Montréal pour des rencontres. Accompagné cette fois-ci d’un partenaire du MSPP (Ministère de la santé publique et de la population). Outre les heures de travail, une semaine à marcher dans la ville et à faire du Bixi (la plus belle invention du monde). Montréal me manque même si l’expression ‘chez nous’ dans ma bouche (quand je discute avec mes proches du Qc) est pleine d’ambigüité Une semaine également à remplir une valise arrivée vide de bidules que l’on ne trouve pas en Haïti. La première fois que nous avons pris l’avion pour PAP, nous étions très impressionnés par les valises que les haïtiens ramenaient dans leur pays d’origine. Les gens autour de toi poussent des chariots qui contiennent 4 ou 5 valises mal empilées. Un vrai foutoir. L’enregistrement des bagages à l’aéroport Trudeau est un spectacle où des dizaines de moun sont accroupis sur leurs valises afin de pouvoir répartir entre elles le poids de manière plus équitable. À chaque fois il y a quelques drames : des gens qui ont des excès de bagages doivent laisser une partie des bagay (choses) qui étaient prévues pour la famille et les amis restés en Haïti. Le personnel des cie aériennes poussent des soupirs. Ça donne première idée du pays qui vous attend. J’ai rapporté dans mon bagage cette fois-ci le dernier roman de Dany Laferrière. Les critiques qui ont circulées ici et que j’ai entendues ou lues à Montréal pendant le séjour étaient tellement fortes que je ne pouvais pas rapporter ce petit trésor avec moi dans l’avion. J’ai eu le temps de m’avancer passablement pour reconnaître la richesse de sa description du pays, des gens qui y circulent, de l’Énigme du retour. On voit et on sent. Des mots qui résonnent fortement et qui me rappellent l’énigme de mon propre retour : l’ambigüité du chez moi.