À Lyon pour la Biennale, j’en parlerai demain, mais je veux d’abord écrire sur la foire Docks, qui se termine le 20 septembre : question d’urgence, mais aussi d’intérêt. En effet, j’ai été très agréablement surpris par plusieurs des 30 galeries ici présentes (l’idée de base étant que chaque galerie présente un seul artiste), et donc, avant de porter un jugement d’ensemble sur la Biennale, je voulais d’abord vous présenter certaines trouvailles.
Enfin, mon coup de coeur a été pour le ‘photographe‘ Jean-Antoine Raveyre à la Galerie Bernard Ceysson. Ses images lumineuses et colorées sont composées de manière très précise, dans un équilibre de formes et de couleurs très étudiées; mais surtout elles sont le résultat d’un complexe travail de préparation, de mise en place des différents éléments qui vont contribuer à construire la représentation. Ainsi dans La Noyée (2009), rêve d’une immersion, la ligne de flottaison faussement horizontale, la déstructuration du parquet ou le contraste entre air et eau, entre éléments secs et éléments humides résultent d’un travail de composition de l’image. On peut certes évoquer Jeff Wall (et la présence de l’artifice révélateur, ici les étais derrière la porte, en est un signe), mais c’est surtout l’influence picturale classique qui se manifeste chez cet artiste, ici Escher, là Manet.
Dans cette pietà, Jour de colère, la composition des couleurs trouve en écho une nuit étoilée à la van Gogh; le jeune homme mort a, aux poignets et au front, des stigmates de chaise électrique et la femme (mère) le maquille pour son dernier sommeil. Ce travail, où la mort s’invite fréquemment, est surtout, à mes yeux, une réinvention picturale par le biais du médium photographique ainsi ré-ancré dans l’histoire de la peinture. Il y a là une force rare, et tout un chacun, passant devant ce stand, s’arrête soudain et regarde, fasciné, intrigué, voire inquiet. J’aime bien les oeuvres qui me dérangent, qui me font regarder différemment et ce fut une des rares occasions durant ce bref séjour lyonnais.
Donc, ne manquez donc surtout pas Docks, à côté de la Biennale !