C’est la question à laquelle se proposent de répondre successivement, Serge July, Jean-François Kahn et Edwy Plenel dans un livre à paraître le 21 septembre aux éditions Mordicus.
Utile question à l’heure où le discrédit s’abat sur la profession. Paradoxalement, car « la censure est moins présente qu’avant et les journalistes sont plutôt meilleurs qu’il y a 30 ans », estime JFK. Fidèle à ses convictions, le fondateur de L’Evènement du Jeudi et de Marianne, juge que le problème vient de la « pensée unique qui émane de toutes les rédactions de France. Tous les journalistes pensent la même chose ! ». Et de citer notamment l’exemple du référendum sur la constitution européenne. Enfin, JFK est sûr d’une chose : les lecteurs croiront les journalistes quand ceux-ci accepteront enfin de revenir sur leurs erreurs et surtout cesseront de jouer double jeu en disant pour qui ils vont voter plutôt que de se cacher derrière une pseudo objectivité. Il cite notamment une conversation qu’il a eu avec Catherine Pégard – ex-journaliste du Point aujourd’hui conseillère de Sarkozy à l’Elysée. Quelques jours avant l’élection, elle lui disait « je ne défends pas Sarkozy, je fais un travail objectif de journaliste ». Quelques jours après elle devenait conseillère du nouveau président.
Autre approche, celle de Sergte July, le fondateur de Libé. Il défend la pratique globale des journalistes, revient sur les années Libé et la façon qu’il a eu d’aborder le suicide de Bérégovoy, ou encore l’épisode Mazarine. Il dit « éprouver à la fois de la méfiance et de la confiance vis-à-vis de ses pairs ». Mais ajoute-t-il « à une époque où tout est com’, nous n’avons jamais eu autant besoin de journalistes au sens plein du terme capable de remettre les choses à leur vraie place ».
Reste l’approche d’Edwy Plenel, ancien directeur du Monde et fondateur de Mediapart. Elle n’est pas sans raisonner avec le créneau adopté par Libération : « l’info est un combat ». C’est en effet, le combat d’Edwy Plenel depuis longtemps. Ancien trotskyste, il a transformé son engagement militant en « engagement professionnel ». Et ce dernier de rappeler de nouveau certains de ses combats. « Les vérités de fait sont plus puissantes que les opinions ». « Le public aime le journaliste lorsqu’il est indépendant », souligne Plenel. Et par conséquent, il a confiance en lui. En cet « inquièteur public, ce chien de garde qui est là pour alerter et permettre au citoyen de voir clair grâce à des faits vérifiés et recoupés rigoureusement ».
Voilà trois approches différentes du journalisme, qui parfois se rejoignent, d’autres fois divergent. Ceux qui connaissent les trois personnages – figures paternelles de la profession – ne seront pas forcément surpris par les propos. Les autres, par contre, pourront y trouver des éléments de réflexion intéressants, passionnants et percutants. A lire donc !
Faut-il croire les journalistes ? Serge July, Jean-François Kahn et Edwy Plenel répondent aux questions de Philippe Gavi. Editions Mordicus, 166 pages, 13,5 euros.
Cet article est également paru sur le CB Blog.