Magazine Cuisine

de ces constats qu’ont pas raison

Par Caroline Baudin

   Tout commence en juillet, lors d’un des nombreux « repas d’avant départ ». Un McDo-Bowling arrivés trop tard au bowling ou un McDo-Pitch démotivés par la pitch, peu importe.

Et la discussion qui prend un tour philosophique :

« en fait, si on va tout le temps au McDo, c’est qu’on est sur d’y trouver toujours la même chose et d’y dépenser toujours à peu près le même prix. »

Oui général. Silence.

   De ces silences qui te plongent dans les méandres de la consensualité, dans l’abîme du sens commun, aux coeur des choses que tu penses comme tout le monde sans que jamais personne n’en ait parlé à quelqu’un.

   Et voilà que tu te trouve au même instant à la fois comblé du bonheur de penser exactement pareil qu’un autre être humain sur terre et dépassé par l’étroitesse soudaine que revêt cette pensée. Oui parce qu’une idée géniale partagée, ce n’est plus qu’une décharge électrique has been, qu’un scoop réchauffé, qu’un souvenir de lumière.

C’est dommage, on passait un bon moment.

« ouais, surtout qu’en plus, à chaque fois on est déçu. Parce qu’on compare : aujourd’hui ils ont raté les nugets, regarde la tête de mon big mac, p’tain les frites elles sont pas de la bonne taille, eh mon McFlurry il est pas remué ! »

Trois mois, des kilomètres, et biens des mots plus tard, je compare toujours. Il faut dire qu’il y a de quoi.

(mon lecteur idéal comprend que cette dernière phrase est un trou noir)

   Les quincailleries, le chinois du coin qui ne vend pas de bouffe mais des porte savons, les Burgers Kings avec leurs Triple Whooper suplément bacon et les donuts Simpson, le McDo traduit en catalan, la signalisation routière, les horaires d’ouverture des magasins, le nom des marques, l’organisation de la fac, les chaines de télé, le messages publicitaires différents à produit égal, tout.

   Tout passe à la moulinette de la comparaison, qui n’est finalement que l’outil d’un curiosité hébétée, avide de découvrir, décoder, comprendre, et s’approprier de nouveaux codes.

   Et, à la manière du McDo « tellement semblable qu’on ne peut s’empêcher de tout comparer », finalement force est de reconnaître que rien n’est vraiment différent.

   Qu’en traversant les Pyrénées j’ai changé doublement de langue certes, la côte à changé de côté aussi, mais au fond les choses ont la même forme, les gens ont la même vie, … les vies ont la même forme aussi.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Caroline Baudin 1 partage Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte