Après l'avoir présentée avec succès au festival d'Anjou cet été, Nicolas Briançon installe sa "Nuit Des Rois" au Comédia jusqu'au mois de Novembre.
Pièce "chorale" offrant au spectateur la joie d'applaudir 13 comédiens (c'est rare dans un théâtre privé...), cette oeuvre de Shakespeare est légère, pétillante et pleine d'entrain, très loin des drames fleuves de l'auteur qui pourraient effrayer certains spectateurs.
Que peut-on dire ?
D'abord que l'on sent, dans la mise en scène de Nicolas Briançon, l'amour du théâtre, des acteurs et du jeu qui rejaillit sur l'ensemble d'une distribution ne comportant aucune fausse note. De la sensible et subtile Sara Giraudeau aux irrésistibles Henri Courseaux et Yves Pignot dans des numéros comiques très réussis, sans oublier Jean-Paul Bordes ,Yannis Baraban, Arié Elmaleh ou Chloé Lambert, tous prennent un plaisir non feint à vivre chaque soir ces quiproquos et rebondissements.
Tout est fluide dans ce spectacle dont Briançon transpose l'action au début du vingtième siècle. Les scènes, très courtes, s'enchaînent sans temps mort, les comédiens virevoltent, et les décors (simples mais réussis) s'envolent sur une musique délicieuse, sans oublier quelques petits intermèdes dansés.
J'aurais aimé m'arrêter là, et vous dire "Courez-y !", je ne peux cependant pas m'empêcher d'emettre quelques réserves...
Si ce spectacle ne comporte aucun défaut, il ne possède pas non plus, selon moi, une grande "personnalité". La facture reste terriblement classique, ou pour le moins académique. La "patte" Briançon n'est franchement pas visible, et cela manque d'une certaine folie créatrice... Sans monter Shakespeare façon "théâtre d'avant garde", il y avait à faire, et l'on se risquerait à dire que le metteur en scène ne s'est pas foulé et donne à voir le minimum exigible de la part des spectateurs (même si ce minimum est trop rarement atteint dans les productions actuelles).
Cela dit, il ne faudrait pas bouder son plaisir, ce moment passé au Comédia fut charmant, bien qu'un peu plan-plan, et nous conclurons ainsi :
Si "La Nuit" a été bonne, elle ne fut pas Royale...