Magazine Culture

Anthologie permanente : Attilio Lolini

Par Florence Trocmé

Petites Élégies

S'ils frappent à la porte
n'ouvre pas, dans ce temps
séparé, divisé
qui existe seul
pour lui-même
s'ils disent : lève-toi
mets-toi sous les draps
rentre dans les transparences
de murs nus
où vaincus
demeurent les désirs
mince est le fil de la vie
ne te lève pas
ne mets pas de disques
aux tentations
de lire résiste
même les saisons
ne donnent pas de dons
ne demande pas pourquoi
nous sommes ici
sans connaître personne
chargés du poids
de choses sans nom
*
Dans ces rues
alors que nous feignions d'être un groupe
uni au moins
dans les illusions
almanach va savoir quoi
un genre de matin
me reprend
le petit bavardage
je repars avec la rengaine
j'évoque, j'ironise
 
il arrive toujours plus souvent
que quelqu'un rencontre
son cadavre
qu'il aille au lit
et le garde
bien serré.
*
Parti il y avait les lumières allumées
maispas la nuit, le vent cela oui
je me souviens, couvre-toi bien, as-tu dit
un rhume importun vient de se terminer
dans la rue les papiers volent
tous les objets ont tendance à s'élever
je te téléphone, j'ai dit, dès que j'arrive
quelques personnes, cette lumière
ni crépuscule ni aube
tu entres soudain
dans un espace obscur
à peine adouci
par les premiers bars ouverts
encadrés de kiosques à journaux
 
un profond matin comme une rafale
nous entoure pauvres indécis
qui avançons comme des branches coupées
vers des occupations insensées
vers des étapes déjà certaines
d'un parcours où pour finir
nous resterons gisants, hagards et épuisés
par le reflet des immeubles de verre.
Attilio Lolini, texte italien publié dans Almanacco n°1/ 2007, traduction d’Olivier Favier.
Attilio Lolini a publié de nombreuses plaquettes de poésie, pour la plupart aux éditions L'obliquo de Giorgio Bertelli, parmi lesquelles une revisitation de l'Écclesiaste. Une vaste anthologie de sa production en vers est parue sous le titre Notizie dalla Necropoli, Turin, Einaudi, 2005.

Contribution d’Olivier Favier

texte italien en cliquant sur « lire la suite de… »

piccole elegie

Se bussano alla porta
non aprire, in questo tempo
separato, diviso
che esiste solo
per sé stesso
se dicono: alzati!
cacciati sotto le lenzuola
rientra nelle trasparenze
di pareti nude
dove sconfitti
stanno i desideri
esile il filo della vita
non alzarti
non mettere dischi
alle tentazioni
di leggere resisti
anche le stagioni
non danno doni
non chiedere perché
siamo qui
senza conoscere alcunchè
carichi del peso
di cose senza nome.
*
In queste strade
mentre fingiamo un gruppo
unito almeno
nelle illusioni
almanacco chissa chè
specie di mattina
mi ripiglia
la chiaccherina
riparto con la solfa
rievoco, ironizzo
accadesempre più spesso
che uno incontri
il proprio cadavere
ci vada a letto
e lo tenga
ben stretto.
*
Partito c'erano le luci accese
manon la notte, il vento questo sì
ricordo, copriti bene, dicesti
è appena passato un noioso raffreddore
nella strada volano carte
tutti gli oggetti tendono a librarsi
ti telefono, ho detto, appena arrivo
poche persone, questa luce
né crepuscolo né alba
entri improvvisamente
in uno spazio oscuro
mitigato appena
dai primi bar aperti
da edicole incorniciate
un alto mattino come una folata
circonda noi poveri indecisi
che avanziamo come rami recisi
verso occupazioni insensate
verso tappe già segnate
d'un percorso dove alle fine
giaceremo stravolti, stremati
dal riflesso dei vitrei palazzi.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines