A las cinco de la manana…
PIB-PIB et Coyote
Comme écrivait (presque) Proust, dans Du coté de chez Swann, longtemps je me suis couché de bonheur. La Commission Stiglitz s’est réveillé, elle, avec le désir de réintroduire ce concept dans les statistiques publiques.
Un billet publié chez Paul Jorion rappelle que le PIB est un concept né en 1934, un agrégat rudimentaire qui perd de sa substance à l’heure des délocalisations industrielles (qu’est ce qu’un Produit intérieur ou même national aujourd’hui ?) et dont il est difficile d’apprécier la pertinence.
Petit exemple : amusez à vous à googliser « PNB de la Russie ». Vous aurez, pour 2008, 2 185 Md$ ou 1 676 Md$ selon qu’on calcule en « parité des pouvoirs d’achat » ou non. Mais même à méthode de calcul identique, la CIA donne 2 266 Md$ soit quand même près de 80 Md$ de différence !
Bref, tel le coyote du dessin animé de la Warner, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à dresser un piège pour capturer PIB-PIB …
J’ai rêvé d’un autre monde
Rien n’est plus faux qu’un chiffre ou une statistique, mais pourtant ce sont eux qui gouvernent le monde car ils forment un système arbitraire de comparaison retenu par les nations. Il n’y a qu’à voir ces chiffres sur la Crise qui ne se reflétaient pas dans notre vie quotidienne. Désormais c’est l’inverse : il y aurait parait-il une reprise qui camperait à l’angle de la rue mais je ne la croise pas chez mon boulanger.
L’idée de Nicolas Sarkozy est audacieuse, mais se heurtent à 3 obstacles :
Premièrement, risquent de se reposer les mêmes questions. Rien que par exemple la recommandation n°11 (Intégrer la « soutenabilité » du bien-être) me semble traitre. Au jour d’aujourd’hui, avec le trou de la sécu, l’endettement public, le prion, le réchauffement climatique, suis-je vraiment certain que mon bien être est soutenable ? Je m’interroge.
Deuxièmement, le risque de la méthode Stiglitz est de transformer le thermomètre objectif mais déréglé en baromètre qui donnera la météo qu’on lui demande. Une espèce de thermomètre subjectif. C’est du moins ce que me laissent penser la recommandation 10 ( Intégrer la dimension subjective dans les statistiques – Intégrer dans les statistiques des données reflétant l’évaluation que chacun fait de sa vie, de ses expériences, de ses priorités). Je sens que mesurer le PIB des dictatures d’Asie et d’Afrique va devenir, avec ce biais, une véritable partie de plaisir…
Enfin, dernier problème – et de taille – une rupture statistique est une chose qui n’est pas anodine : si le monde abandonnait le PIB en 2009, il lui faudrait attendre dix ans pour reconstituer des séries longues. Les historiens de l’économie en sauront pour leurs frais mais ils pourront toujours dater leurs découvertes de A.S ou P.S (Antes ou Post Sarkozys) !
Dans la Kiwisphère : Seb , H16 et Chafouin.
bonheurPIBStiglitzSujets: Paso Doble | 4 Comments »