Depuis tout petit, je ne supporte pas le conventionné, le laid, le manque de qualité, les lieux où l'œil est agressé, l'impropre. Je ne préfère voyager que dans de beaux endroits, sinon je m'abstiens. Au clinquant, je préfère l'allure, à la certitude, je préfère la nonchalance, à la beauté, je préfère le charme, à la croyance, je préfère la contemplation. Au rêve, je préfère la 'pataphysique.
Je n'aime pas les hommes, mais ils peuvent m'émouvoir lorsqu'ils s'abandonnent à ce qu'ils sont, lorsqu'ils osent sortir de leur conservatisme naturel, de leur assurance éduquée. J'aime les femmes sauf quand elles se prennent pour ce qu'elles ne sont pas, s'imaginent plus belles que leurs congénères (oui, le mot est choisi à dessein), plus intelligentes ou plus remarquables. Le plus souvent ce n'est pas le cas, ce n'est que de la compensation d'un trouble persistant.
Et puis il y a le décadent. La "décadanse" écrivait Gainsbourg. Ce qui amène par une succession de va et vient entre la conscience et l'inconscient à devenir un autre soi, à être un autre le temps d'un instant ou davantage. Oublier la société, les mœurs, l'illustre gestion en bon père de famille de sa propre vie. Cette décadence a ceci de Beau qu'on doit en revenir. Ne pas en revenir serait se perdre, cela en tuerait la saveur. Ne pas en revenir confinerait au primaire ce qui doit être sublime.
La frontière est mince entre le Beau et le vulgaire. Sans aucune modestie, je parviens souvent à me tenir debout sur cette ligne.