Hell.com Selon Senécal
Daniel Saul est un homme d’affaire prospère, riche, membre de l’élite de la société québécoise et imbu de lui-même. Ce dernier mène une vie de pacha, une vie où l’argent coule à flot, les contrats d’affaires se multiplient, les côtes de bourse pavoisent au sommet et où les assouvissements sexuels sont légion. Daniel Saul croit avoir goûté à tout ce que son argent et sa notoriété peut lui offrir, mais bientôt toutes ces croyances seront de vagues chimères. Un ancien collègue de classe, Charron, refait surface et lui propose de devenir membre en règle d’un site Internet criminel Hell.Com, un site où tout est permis, où tout s’achète, où tout devient possible. Gambling, Orgies, Sadomasochiste, Perversions multiples, Violence, Torture, Meurtre sont tous des plats au menu, des menus qui se mangent froid. Daniel Saul plongera dans ce gouffre sans fond comme un cobra dansant lascivement au chant du fakir. Un envoûtement qui le conduira directement en Enfer, et dans sa chute, il entrainera son fils avec lui, son fils qui sombre dans les délires les plus noirs de la mort. Une apogée qui s’accomplira dans les ténèbres les plus profonds de l’âme humaine, celles où la Vérité est la plus immonde des prières.
Hell.com Selon Moi
Un roman scindé en deux parties. La première où l’auteur mise sur le dévoilement d’évènements sexuels et barbares dans une ascension exponentielle et qui a pour d’éduquer sur ces thèmes, de jauger la tolérance, de choquer, de dégoûter et de finalement horrifier les plus pragmatiques. Ce concept, pour moi, n’a pas réussi. Senécal a dépeint dans cette section du roman deux personnages, Saul et Charron, comme des êtres sans émotions, sans cheminement, sans explications quant à leurs désirs de pouvoirs et/ou de plaisirs extrêmes. Le personnage Charron est tout simplement sans vie, on n’y croit pas. Dans le roman précédent « Le Vide », Senécal avait créé son pendant : Ferland, qui lui nous faisait vivre sa détresse, son dégoût de la vie, son Vide. Il n’aura pas su passé le « flambeau » dans le roman présent. Dans cette prémice, il faut dire que l’action a l’honneur d’être franche, sans cachotteries et porte le coup que l’on veuille ou non.
La deuxième partie, la plus intéressante, celle ou Senécal nous fait ressentir une émotion, où l’on reconnait son art à nous « shaker » le par en dedans, là où son écriture est à son maximum, où Sénécal maitrise son talent. Il aura fallu près de 300 pages pour comprendre que d’assister à des actes répugnants par les yeux de quelqu’un qui jubile n’a pas d’intérêt, mais d’y assister par ceux de celui qui est désillusionné, défait, apeuré et déshumanisé est la meilleure façon de révéler la qualité de l’œuvre. Montrer l’horreur, pas la décrire. Finalement, la course finale pour sauver le fils est captivante et montre le côté rédemptoire du roman. Senécal joue avec les métaphores bibliques et réussit bien. Quant à la scène finale, j’ai été servi à souhait. Ca a marché. Une image diabolique qui frappe dans le mille.
Révélation
Finalement, je dois avouer que globalement j’ai aimé ce roman. Vendu d’avance au genre Senécal, la moitié du chemin était déjà fait. Ce n’est certes pas un de son Top 3 mais il plaira aux inconditionnels. Quant aux autres, je vous suggère de vous y risquer, de compléter la lecture pour juger et de vous dire qu’a défaut de ne pas aimer ces genres tabous extrêmes, vous aurez le loisir de trouver qu’à la fin, voir deux couples tricoter entre eux dans un Jacuzzi dans un club échangiste vous semblera aussi « soft » qu’une soirée Tupperware. Là, on peut dire que l’auteur aura tout de même gagné son pari. Senécal risque de perdre du lectorat dans ce genre de récit, mais il a du cran et il s’assume. C’est ce côté de lui qui fait que je suis un fan des premières heures.
Épître aux lecteurs
À la fin de cette lecture, il me reste une arrière-pensée troublante, pour ne pas dire effrayante. Tant bien que cette histoire soit sortit de l’imaginaire de Sénécal, il reste que quelque part on croit à l’existence de telles dépravations et d’atrocités et c’est là peut-être tout le génie de l’œuvre de Hell.com. L’enfer existe peut-être sur Terre…quelque part.
Psaume Hell.com
Où il y a l’Homme, il y a l’Hommerie.
Hell.com – Patrick Senécal – éditions ALIRE – 2009 -557 p.