La Sicile n’est pas exactement un des lieux phares de l’art contemporain, loin des grands courants, endroit un peu à l’écart, et l’exposition des collections du Musée Riso à Palerme, titrée “Passaggi in Sicilia” (jusqu’au 4 octobre) en fait l’aveu de manière assez apologétique. Laissant de côté les explications historiques du catalogue, j’ai été assez frappé, dans cette exposition, par le nombre d’oeuvres prétextes, oeuvres de visiteurs passant par là ou y séjournant. Certaines sont excellentes (Thomas Struth dans l’église de Monreale), certaines flottent au dessus du pays (ainsi Richard Long), d’autres ne sont qu’anecdotiques (les photos de vacances de Marina Abramovic ou de Nan Goldin à
Heureusement, tous les artistes étrangers présents ici ne sont pas aussi superficiels. Dans le second lieu de l’exposition, la Fondation Sambuca, Aleksandra Mir, qui réside à Palerme, a créé, avec quatre complices dont le directeur du Musée Riso, un pavillon sicilien pour la Biennale de Venise 2000, qui est en fait une superbe Rolls Royce Silver Shadow
Tacita Dean a revisité la légende de Sainte Agathe, Catanaise aux seins coupés, par tous les médias possibles, mais hélas seuls les moulages en plâtre des reliques (étiquetés Droit et Gauche) sont présentés ici. Vanessa Beecroft est peut-être celle qui traduit le mieux l’esprit des lieux : dans l’église Santa Maria dello Spasimo, elle présente (pour la première fois) des moulages en plâtre de modèles nues à côté de jeunes Siciliennes tout aussi nues, la peau poudrée de blanc. Lesquels sont des vrais corps et lesquelles sont des sculptures ? La sculpture peut-elle être un moulage (on se souvient de la controverse sur le premier Rodin, mais aussi de la Présidente Sabatier moulée par Clésinger et qui, respirant un peu, craquela le plâtre). Et que cette installation cum performance ait eu lieu sous le patronage des spasmes (en fait, spasimo, c’est l’agonie), quoi de moins innocent dans ce pays sensuel et baroque (VB 62.29 dg vb 2008) ?
Retour en France maintenant.
Photos de l’auteur, excepté Boltanski. Boltanski étant représenté par l’ADAGP, la photo de son oeuvre sera retirée du blog à la fin de l’exposition.