L'islam s'essouffle, mais la finance islamique a le vent en poupe. Paradoxal, surtout quand on sait que la religion musulmane est perçue comme étant incompatible avec l'évolution de la société et le nouvel ordre du monde. Alors que tous les préceptes de l'islam ont du mal à trouver une place dans le monde occidentalisé, la finance islamique n'a pas de problème à s'intégrer dans une économie globalisée. Mieux, elle est courtisée en temps de crise économique.
Certains tunisiens trouvent aberrante l'idée de la Banque Islamique Zitouna, pensant que cela radicalise quelque peu le pays, et que ce n'est pas cohérent avec la mondialisation. La vérité c'est que Sakhr El Matri est très bien conseillé. La finance islamique connait un grand essor. Reposant sur les lois coraniques (chariâa), elle ne trouve, contrairement aux autres préceptes, aucun mal à se faire valoir. Mieux encore, son modèle économique "éthique" (car sans intérêts) semble être très rentable aujourd'hui.
Il s'agit en fait d'une activité bancaire transparente, qui interdit la spéculation et les placements dans des secteurs touchant l'alcool, l'élevage des porcs, les jeux du hasard, les armes, et l'industrie cinématographique. Et qui impose le partage des risques entre les parties contractantes.
Aujourd'hui la finance islamique, forte de plus de 800 milliards de dollars ne se restreint plus au Moyen-Orient et autres pays musulmans comme la Malaisie. En fait, une de ses plus grandes places s'appelle Londres. Les plus grandes banques britanniques et européennes (HSBC, BNP, etc.)ont commencé quelques années auparavant à créer des filiales bancaires islamiques. En 2004, L'Islamic Bank of Britain est née, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ses affaires marchent bien. Avec une législation qui vise à faciliter l'intégration des banques islamiques, le Royaume-Uni passe de une à trois banques islamiques en l'espace de quatre ans avec la naissance de l'European Islamic Investment Bank et la Bank of London and Middle East.
En France, plusieurs études aboutissent au même résultat: la finance islamique est une opportunité à saisir. Les acteurs financiers tardent à se présenter, mais conscient du retard accusé par rapport à leurs voisins britanniques, allemands et suisses, l'État français a décidé de prendre les devants avec un Master Finance islamique à l'instar des anglais, enseigné l'école de Management de Strasbourg,afin de préparer et former des cadres qualifiés pour ce qui semble être le nouvel eldorado bancaire.