Inspirés? Inspirants?
La webvidéo vous les offre sur un plateau d'argent: les motivateurs. Ils vous communiquent un sentiment de pouvoir ultime en quelques phrases savoureuses. Ils y vont simplement, avec la liste du faire et ne pas faire pour devenir. Devenir tout court. Car c'est bien de ça qu'il s'agit. Pas de l'être. Pas du bonheur. Non, c'est le passage d'un état x à un état y, c'est l'ascension sociale qui est en jeu.
J'ai pêché la vidéo qui suit sur Twitter (@provokat qui hésitait lui aussi quant à la valeur du discours). Impression générale: déjà entendu.
Message condensé en 10 minutes. Habituelles phrases choques cutes: "Si vous voulez apprendre sur les lions allez dans la jungle pas au zoo". Mépris du conformisme pour inviter au chemin le moins fréquenté. Tout ça magiquement, avec un air de "il suffit de le faire bande de cons".
C'est pas que je ne les aime pas les motivateurs. Je n'arrête pas de partager celle-ci de Guy Kawasaki comme la bonne nouvelle. Je recommande aussi chaudement à tous ceux qui cherchent à construire quelque chose de lire "Tribes" de Seth Godin dont je suis assidument le blogue.
Qu'est-ce qui me prend d'être agacée aujourd'hui? La sensation de vent. La motivation fait bouger beaucoup d'air, et c'est peut-être tout. Ça devient en soi un réconfort. On se sent soudainement invincible, on croit toucher la recette du succès. C'est comme rêver aux millions en achetant un billet de loto.
"Devenir" c'est surtout traverser la barrière d'une souffrance. J'oserais dire, encore faut-il en avoir la force. Ça on oublie d'en parler. Il manque un côté de la médaille: l'entraînement militaire, les nuits blanches, les coups durs, les inconforts, les erreurs, etc.
Une des plus grandes qualités de l'internet serait de nous offrir l'opportunité d'accomplir de "grandes choses" par soi-même (en supposant qu'être blogueur soit une grande chose... par exemple). Ce dont on parle très peu, c'est l'angoisse du statut. Cette pression constante qu'ont les gens à "devenir". Y a un philosophe qui nous en a pondu un livre à ce sujet. À lire absolument avant de se remettre en question en long et en large. (J'ai bien aimé le découvrir en documentaire ce livre. Si vous cherchez vous trouverez...)
Ne boudez pas votre plaisir. L'inspiration, la motivation c'est bien. Seulement soyez prêt à souffrir car une omelette ça se fait en sachant casser des oeufs sans jamais oublier qu'on peut manger autre chose aussi. Bref, chacun son bonheur !