C’est la crise depuis un an pile poil. On nous le serine sur tous les tons à la radio, même moche, un anniversaire ça se fête. La crise, c’est le chômage, la galère, la misère, la trouille des lendemains qui chantent faux et sans musique. C’est aussi les valeurs boursières qui dégringolent, les traders qui empochent, et les petits malins qui surfent sur le tout. La bourse en vrac ? en gros oui, et d’ailleurs peu me chaut. Du verbe “chaloir”. Ça veut dire que je m’en tape, c’est tellement épidermique et peu fiable tout ça. La bourse en vrac ? oui, bis, mais pas pour toutes les boîtes (tant mieux pour celles qui sont sérieuses) ni même pour tous les fonds de placement.
Et là, la morale qui était déjà depuis fort longtemps une valeur relevant de l’utopie, du moins dans le domaine du pognon, la morale, disais-je, en prend un coup. Elle a l’habitude, la morale. Mais quand même. On pourrait se dire que les placements qui ont la cote sont ceux qui se colorent en vert, toutes ces choses qui feraient du bien à la planète, les énergies renouvelables, l’agriculture bio, les vêtements en bambou, que sais-je encore. C’est bien ce qui rend vert qui a la cote, mais pas du même vert : il s’agit là, plutôt, du vert du type qui a trop bu.
En effet, et l’affaire est relatée par Le Monde, un fonds de placement étatsunien a eu du nez, peu scrupuleux certes : nez qui lui fait exclusivement investir dans le caca pas bon qui tue les gens, à savoir les cigarettiers, les fabricants de bibines et les marchands d’armes. Rien que du beau monde, pour qui je suis fière de ne pas travailler. Dans la série “appelons un chat un chat”, ce fond de placement a pris pour nom “Vice fund”. Au moins on sait où on met les pieds, et on ne peut pas dire après ça que l’argent n’a pas d’odeur ! Le pire dans cette affaire c’est que la petite entreprise ne connaît pas le crise, la valeur des actions ayant fortement augmenté entre 2002 et 2007, et ayant nettement moins baissé que les autres valeurs boursières depuis le début de la crise.