L’Europe face aux hausses des prix : Le yaourt, produit de luxe ?

Publié le 13 octobre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Se nourrir coûte cher. De plus en plus même …Les Européens redécouvrent ce qu’ils avaient un peu trop oublié : les produits de la terre qui nous nourrissent ne poussent pas seuls et leur abondance, sous nos latitudes, n’est pas illimitée…

Amorcée dans les années 50 où le ministère de l’agriculture était aussi celui du Ravitaillement, la « construction européenne », avec une PAC efficace dans son productivisme, a nourri une illusion : celle de l’abondance au moindre prix ! Du coup, les actuelles et futures valses des étiquettes sur des produits de base font scandale au presque.

Le Yaourt, un produit de luxe ? Le fromage, une denrée pour privilégiés ? L’huile végétale, une sainte huile ? Les consommateurs européens vont au devant d'une nouvelle valse des étiquettes alimentaires. Pour les industriels de l’agro-alimentaire, une explication : la flambée persistante des prix agricoles mondiaux… Mais comment ne pas faire un constat qui ne vaut d’ailleurs pas que dans l’alimentation : on a toujours des répercussions à la hausse, mais jamais à la baisse…

En France, le secrétaire d'Etat à la Consommation Luc Chatel s'en est pris aux industriels (mais où sont ses actions ? ). « J'ai vu les prix du lait baisser de 25%, mais je n'ai jamais vu le yaourt baisser de 25%. » En Espagne et ailleurs, les associations de consommateurs se mobilisent et multiplient les appels à la vigilance.

Mais , les faits sont là ou vont l'être :« Le prix du lait, du beurre et des pâtes a déjà augmenté en moyenne de 20% à 25%. A présent l'impact va se faire sentir sur les produits dérivés, comme les yaourts, le fromage ou les céréales de petit déjeuner avec une hausse attendue d'ici la fin de l'année de jusqu'à 10% », explique à l’AFP le directeur commercial de la chaîne belge de supermarchés Colruyit, Jean-Pierre Roelands. « Pour les huiles végétales, arachide ou tournesol, c'est encore plus prononcé. Là on s'attend entre novembre et décembre à une progression allant jusqu'à 30% », ajoute-t-il.

En novembre, le géant français Danone va procéder à une hausse moyenne de ses tarifs aux distributeurs de 10,48% sur son marché national car le prix du lait a augmenté de 30% en un an du fait de la hausse des tarifs des fourrages servant à nourrir le bétail. Même évolution chez le n°2 européen du fromage, Lactalis, qui va relever tous ses prix de 15% à 17% début décembre.

« La matière première pèse extrêmement lourd dans le prix de revient. Dans le cas de l'emmenthal, le lait représente 80% du coût de production », se justifie son président Michel Léonard dans une interview au quotidien Les Echos.

Désormais, la progression des prix alimentaires est clairement visible dans l'indice global de l'inflation en Europe. En Italie, le prix du pain a crû de 7,3% en un an, celui des pâtes, le plat national par excellence, de 4,5%. Et la fédération des industries agroalimentaires (Federalimentare) prévient que « les hausses ne sont pas terminées ». Selon la Fédération européenne du commerce de détail et de gros (Eurocommerce), on assiste à « un rattrapage » après plusieurs décennies de prix alimentaires peu élevés. Pas mal, non ? Irrecevable… Mais on fait quoi ? Et surtout que peuvent et doivent faire les politiques ?