L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui se déroule il y a plus de trente ans dans une petite ville flamande où personne n’est à l’abri des médisances des bonnes gens.
La femme, dont je vais vous parler, aurait pu m’être sympathique. En tout cas, dans un premier temps elle l’a été. Elle était libre, aimait les hommes et a décidé de vivre sa passion. J’aurais pu admirer si elle ne s’était pas souciée du “qu’en dira-t-on”… Car autant les médisances me sont insupportables, autant ceux qui s’en préoccupent et agissent pour s’en prémunir me sont antipathiques… car comment se protéger du mal, sans y tomber soi-même?
Oh, je vois déjà vos esprits fonctionner à plein rendement… vous cherchez à savoir ce qu’elle a fait de répréhensible… ne cherchez pas trop loin, vous le lirez dans les quelques lignes ci-dessous, mais je pense que beaucoup d’entre vous seront déçus…. il ne s’agit en effet pas d’un crime puni par nos lois, rien de monstrueux, rien de particulièrement choquant…. mais cependant, preuve d’une grande duplicité…. effrayante pour sa nature même…
La voilà donc vivant seule, après avoir quitté son mari, et à la recherche d’un emploi pour subvenir à ses besoins. Elle a de la chance : elle en trouve deux… elle partagera donc son temps entre deux cabinets d’avocats en tant que secrétaire.
Son mari tente de la récupérer, il ne peut vivre sans elle. Elle s’en fout : elle a une nouvelle vie. Elle se sent libre et indépendante.
Oh, ce n’est pas une jolie femme. Elle a un petit côté classique très rassurant, un petit côté ’sainte-nitouche’ même. C’est le type même de la femme qui ne fait pas peur aux autres femmes. Elle n’est pas très coquette, n’a pas de charmes évidents, ne joue pas les midinettes, les vamps ou la femme affamée. Plus âgée, elle serait la parfaite tante qui prendrait soin de la vertu de ses nièces. Vous voyez le tableau?
Cependant, elle avait dans le regard un côté chienne qui rend fous les hommes à l’insu même de leurs compagnes. Il suffisait qu’elle pose son regard sur l’homme de son choix et il n’avait plus qu’une chose en tête…. la posséder. Et vite.
Ces deux patrons ne faisaient pas exception à la règle. Les voilà tous deux devenus ses amants.
Et nous voilà dans une histoire banale du notable d’une ville qui couche avec sa secrétaire. Notable marié, comme de bien entendu.
Notable qui veut garder l’objet de son désir et plaisir à portée de main, qui voudrait pouvoir continuer la bagatelle avec sa secrétaire…. mais, nous sommes dans une petite ville, les gens voient, sentent, imaginent, devinent, parlent. Il ne faudra pas longtemps avant que la jeune et jolie épouse ne soit au courant.
Alors voilà notre secrétaire qui échaffaude un petit plan. Tout simple. Tout en…. douceur. Elle téléphone à Madame un soir, vers 22 heures. Elle lui demande si son mari est déjà là… ou s’il est encore avec son client ?
La femme répond qu’il n’est en effet pas encore rentré. Et notre secrétaire d’expliquer en long et en large qu’elle a un problème avec un certain dossier (et d’en donner des détails), qu’elle a absolument besoin du conseil de Monsieur, mais qu’elle se doute que le rendez-vous de ce soir durera longtemps, (”vous comprenez : c’est un client important et un dossier compliqué”), elle demande donc que Madame veuille bien avertir son mari que sa secrétaire a appelé, et que celle-ci attend de ses nouvelles encore ce soir. Mais elle précise que s’il rentre vraiment très tard, elle sera déjà au lit (”vous savez, je me couche en général très tôt, mais là j’attendrai jusqu’aux environs de 23.30″).
Elle raccroche.
Suivons d’abord l’épouse…. après l’appel, elle est retournée s’asseoir auprès d’une amie venue lui rendre visite… elle était inquiète de ne pas voir entrer son mari et le soupçonnait d’avoir une aventure. Elle raconte la teneur de l’appel à l’amie… et la voilà qui retrouve le sourire, rassurée.
Suivons la secrétaire…. après l’appel, elle est retournée se coucher auprès de son amant, le mari…. il était inquiet des éventuels soupçons que son épouse pourrait avoir, et le voilà qui retrouve le sourire, rassuré.
Suivons enfin le mari, une fois le plaisir assouvi…il rentre chez lui, accueilli par sa femme : elle lui saute dans les bras, l’embrasse, veut lui faire un massage “après une si longue journée de labeur”. Elle le regarde souriante, heureuse, sereine.
Et elle ne peut s’empêcher de lui dire : “chéri, ta secrétaire est parfaite”.
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