Mais quel est donc cette antilogie par laquelle je me définis ?
Certains d’entre vous m’ont posé la question, je vais donc faire une tentative de réponse… C’est le sujet d’aujourd’hui.
Tout d’abord intéressons-nous à l’analyse et la définition des termes qui nous occupent :
Nous avons un nom commun (pétasse) suivi d’un adjectif (royale), censé donc qualifier le premier… Nous serions même tentés de ressentir un soulagement à la balance qu’offre le second terme au vu de l’ignominie que suggère le premier.
Mais qu’est-ce donc qu’une pétasse ? A l’état brut, s’entend.
A la lecture de plusieurs définitions dans des dictionnaires divers et variés (pour les plus curieux d’entre vous, sachez que nos sources principales sont le Petit Robert et l’encyclopédie en ligne Wikipedia) nous y apprennons qu’il s’agit d’un terme argotique, voire vulgaire. Il est censé représenter une jeune fille, une fille stupide, une fille d’un mauvais genre, ou maniérée, voire même, pour certains, une prostituée.
Ainsi donc, une pétasse ne serait qu’une vulgaire donzelle de peu d’esprit et aux intentions, si elle réussit à en avoir, peu louables.
L’adjectif royal, quant à lui, à des origines plus nobles, comme de bien entendu. La consultation de notre cher ami Robert nous apprend ainsi que ses origines remontent à la plus haute antiquité, puisque ce terme vient du latin regalis. Dans sa forme française, nous lui connaissons un ancêtre vers 880 (regiel), 1130 (real) et un autre vers 1200.
Royal peut être entendu dans quatre sens. Le premier étant, comme on s’y attend, “qui concerne le roi, fait en son nom”. Le second se rapproche de ce que nous recherchons “Digne d’un roi, majestueux, grandiose, magnifique”….. voire…”Parfait” !
Ainsi donc, toutes ces qualités ne peuvent qu’annihiler la vulgarité [du latin vulgaritas : "caractère vulgaire, absence totale de distinction et de délicatesse" (vulgarité venant lui-même de vulgus : "commun des hommes")] de la pétasse.
Il donne à la pétasse une noblesse qu’elle n’a pas dans sa nature. La perfection du royal ne peut souffrir aucune exception. Donc si une pétasse est royale elle ne peut être que magniifique.
Une simple pétasse n’aspire même pas à être royale. Son esprit vide n’appréhende pas les multiples possibilités qu’offre ce monde. Bien sûr, ‘vide‘ ne tend pas à démontrer que le cerveau de la pétasse ne contient rien. Les physiciens vous diront qu’un espace vide est espace dans lequel la densité de matière est très faible (in Encyclopédie Encarta).
Ainsi donc, la plupart des pétasses “de base” que nous croisons en rue pourront avoir une discussion soutenue (voire animée) sur les derniers potins de stars, l’accessoire de mode à avoir absolument ce mois-ci, ou la différence de tonalité et donc d’ambiance de la pièce entre la couleur “Storm” et la couleur “Cloud” de chez Levis (si vous êtes un homme : comprenez pour les deux cas “blanc”).
Une pétasse de base a des choses à dire. Futiles, certes, mais ça remplit bien sa tête et pourrait même lui donner le tournis. D’ailleurs, une pétasse de base se reconnaît à son rire haut perché jaillissant aux moments les plus incongrus (par exemple juste après lui avoir annoncé que vous venez de perdre votre emploi).
Une pétasse royale, elle, va plus loin : elle a des choses à dire, certes. Mais elle ne se contente pas de les dire. Parfois, elle a le courage de les écrire.
Bien sûr, une pétasse royale pourrait également s’intéresser à ces sujets très terre à terre. Ainsi, nous voyons qu’elle prend soin d’assortir la semelle de ses escarpins à sa lingerie fine; qu’elle parcourt des kilomètres à chercher l’accessoire qui donnera “la” touche qu’elle recherche, qu’elle peut discourir pendant des heures avec ses amies de tas de choses d’une extrême importance pour l’avenir de tout ce petit monde, sans songer un instant à la futilité de ces propos face à l’avenir du Monde.
Néanmoins, une pétasse royale est d’abord royale : ainsi elle ne conçoit pas de ne pas mettre une touche de distinction dans toute les futilités rencontrées.
Pour exemple : si un jour une pétasse royale devait écrire un texte la définissant (ce qui, nous le savons pertinemment, n’intéresse personne) elle prendra soin de faire des recherches et de consulter son dictionnaire. Cela ne manquera pas de donner un semblant de lustre au texte, donnera une impression de grandeur voire même de noblesse quant à l’esprit qui se trouve dans son cerveau à elle, qui n’est pas rempli de vide, mais qui, que du contraire : fourmille d’idées en tout genre.
Une dernière chose avant de conclure cet article : nous avons vu ci-dessus la définition de chacun des termes de l’expression “pétasse royale” pris séparément. Notre rigueur scientifique nous oblige à ajouter que, bien que ces définitions soient exactes et suffisent amplement à expliciter le concept de la pétasse royale, nous ne saurions nous en contenter, car ces deux termes mis en commun au sein d’une même expression se voient affubler d’un nouveau sens, qui, (et le lecteur pardonnera à l’auteure de ces lignes cette facilité) fait réellement sens….
Ainsi donc :
une pétasse royale, expression apparue vers juin 2008; pris dans son ensemble l’expression indique le caractère d’une personne ayant un sens de l’humour lui permettant de se moquer d’elle-même, parfois publiquement, et dans les cas les plus extrêmes : par écrit. “Je suis une vraie pétasse royale” (Yamina E.A)