J’ai bu des oolongs, des fumés aussi, le matin, le midi ou le soir, qu’importe. Mais ils ont été infusés à la va-vite. Je ne veux pas dire par là que je n’ai pas pris de plaisir. Mais préparer la table, sortir un zhong pour l’occasion, mon nez de porcelaine et ma tasse à déguster, choisir un contenant à mon infusion, retrouver aussi l’envie de prendre le temps, pas juste celui de boire chaud le breuvage mais surtout celui de le préparer.
Mais je n’y tenais plus. Des amateurs de thé n’ont pas arrêté de me faire de l’œil, j’ai dû décliner une proposition des plus alléchantes en superbe compagnie (je pense à vous Francine, Olivier, et à vos proches). Je n’ai pas pu, prise par les objectifs du quotidien, un stress familial pour un petit loup et sa première rentrée scolaire, un stress de santé pour la vision du lutin qui a dû sortir par n’importe quel temps, soleil éblouissant comme temps très nuageux, avec des lunettes de soleil.
Je ne peux pas dire que le calme est revenu. Je suis encore en attente. Pourtant ce matin, je m’accorde un temps pour moi, un temps où je ne lis pas de pédagogie, un temps où je ne me consacre pas à mon sort professionnel, un temps pour marquer « pause ». Demain sera un grand jour pour une amie, de ces étapes que je souhaite à chacun, de celles qui marquent, qui aident aussi à passer à une autre marche sur l’escalier de notre vie. J’ai envie de faire une pause pour me recentrer, pour savoir que moi aussi je gravis mes marches, moins apparentes, plus souterraines mais si présentes.
J’ai choisi un thé vert de Chine, un Lu Shang Yun Wu de la province de Zhejiang, « thé des monts nuageux ».
Il pleut sur Paris et les nuages sur la montagne m’inspiraient… vue embrumée mais odeur d’alpage, odeur de renouveau. L’odeur sous la pluie est toujours là pour me donner de l’ivresse. La fenêtre est grande ouverte sur ce petit 11°C extérieur.
Et puis j’ai choisi une note de sud Bretagne. Francine est allée sur Guérande où j’étais il y a 1 mois. J’avais moi aussi été subjuguée par la maison de thé sur la place, devant les sculptures des métiers… Je n’avais qu’une envie reprendre une tasse céladon… ou mieux encore un zhong céladon. Le macareux n’est pas de cette région mais je l’ai acheté là-bas et j’aime à l’imaginer sur les côtes escarpées. Et puis dans mes oreilles Yann TIERSEN (et ses comparses dont les incomparables Dominique A et Neil HANNON). Une musique qui pleine d’embruns, je vois les bateaux, les vareuses couleur brique des hommes, les phares et le vent.
Oui pas très asiatique tout cela. La liqueur me rappelle à l’orient. Et là encore je constate que mon manque de pratique des quelques derniers mois pèse. Mon odorat est léthargique, mes papilles endormies. Quel plaisir de réexercer ces sens, une manière de se réapproprier les sensations corporelles.
Les feuilles sont petites, vert-bleutées et ont un parfum de rose et de pêche. L’odeur sur le couvercle et dans la tasse à sentir est beurrée aux tonalités de fleurs blanches. L’infusion est beurrée, tapissante, avec comme un goût de suc de chèvrefeuille.Allez un peu de Yann TIERSEN pour finir:
Yann Tiersen - La veillée
envoyé par Quarouble. - Clip, interview et concert.
et une autre musique, encore
Yann Tiersen & Têtes Raides -La noyée
envoyé par Quarouble. - Clip, interview et concert.