Depuis 1800, le tiers des émissions de CO2 liées aux activités humaines a été absorbé par les océans, ce qui équivaut chaque année à 1 tonne de CO2 par personne. Cette absorption massive a réduit les changements climatiques mais elle entraîne un bouleversement de la chimie de l'eau de mer. Le CO2 absorbé provoque en effet une acidification des océans.
Au rythme des émissions actuelles, on estime que le pH diminuera de 0.4 unités d'ici 2100. Ceci correspond à un triplement de l'acidité moyenne des océans, ce qui est une première depuis 20 millions d'années !
Les escargots marins nageurs et les coraux sont les premières victimes
Dirigée par Jean-Pierre Gattuso, l'équipe du LOV, le laboratoire d'océanographie de Villefranche, a étudié l'impact d'une telle diminution de pH sur des organismes calcificateurs. Ces organismes concernent les ptéropodes (escargots de mer nageurs) et les coraux profonds qui vivent dans des zones qui seront parmi les premières à être frappées par l'acidification des océans. Or leur rôle au sein de leurs écosystèmes est essentiel.
Le ptéropode Limacina helicina, dont la coquille calcaire constitue une protection vitale, joue un rôle important dans la chaîne alimentaire et le fonctionnement de l'écosystème marin arctique. L'étude menée au LOV montre que cet escargot construit sa coquille à une vitesse 30 % plus faible lorsqu'il est maintenu dans une eau de mer ayant les caractéristiques attendues en 2100.
Une diminution encore plus forte (50 %) a été mesurée chez le corail d'eaux froides Lophelia pertusa. Alors que les récifs coralliens tropicaux sont formés par un grand nombre d'espèces, les communautés coralliennes d'eaux froides sont élaborées par une ou deux espèces de coraux, mais elles abritent un grand nombre d'autres espèces. Une diminution de la croissance des coraux constructeurs par l'acidification des océans peut donc menacer l'existence même de ces édifices.
Limiter les concentrations futures de CO2 dans l'atmosphère
L'acidification des océans ne peut être contrôlée que de cette manière. Des négociations visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (COP 15) sont en cours et devraient être finalisées à Copenhague en décembre prochain.
Il ne reste plus qu'à espérer qu'elles prendront en compte, en plus du bilan radiatif de la planète, le caractère acide du CO2 qui, une fois absorbé dans l'océan, aura de graves répercussions sur de nombreux organismes et écosystèmes marins.
voir les sources de l'infos Centre national de la recherche scientifique CNRSLaboratoire d'océanographie de Villefranche LOV