«Il me reste un mois et demi pour donner quelques conseils à ce journaliste sympathique et intelligent, mais qui ne connaît pas encore bien les arcanes de la politique fédérale.»* C’est à peu près en ces termes que Pascal Couchepin, le premier invité du Grand Oral de La Télé s’est adressé à Pascal Wassmer, journaliste de ladite télé, qui venait de terminer une analyse «des flops et des tops» de la semaine en matière de politique fédérale.
On ne saura jamais si cette phrase assassine du conseiller fédéral est due au manque de préparation – mais pas d’ambition – d’une télévision régionale ou à une nouvelle poussée de paternalisme de Pascal Roger. Mais, le moins que l’on puisse dire c’est que l’ancien président de la Confédération n’a pas eu la moindre pitié pour la première émission d’actualité de la nouvelle télévision valdo-fribourgeoise. Après s’en être pris, relativement gentiment, au journaliste nouvellement spécialisé dans la politique fédérale, Pascal Couchepin a aussi eu l’occasion de jouer au chat et à la souris avec l’inénarrable et volubile Décaillet dont le ministre affirme qu’il «change d’avis mais toujours avec talent».
Couchepin, Décaillet, La télé, Léman Bleu, co-production, politique fédérale, élection d’un conseiller fédéral …
Marrant, on se croirait sur une télévision à vocation nationale ! Et ce n’est pas l’épluchage du programme qui me démontrera le contraire. La télé en campagne, une émission qui traite de la succession de Pascal Couchepin au Conseil fédéral. Le Grand Oral, qui ne cache pas ses ambitions avec ses deux volets: L’actu, dans lequel Pascal Wassmer et François Mauron proposent un «petit journal pipolitique» et les réactions d’un invité politique ainsi que L’Entretien, au cours duquel un «Grand» invité – le premier, le «petit» est là en tant que vedette américaine – répond aux questions de Fathi Derder et Pascal Décaillet pendant une demi-heure histoire d’aborder «toutes les questions de fonds de la politique fédérale».
Voilà un programme qui est bien loin, du moins sur le plan politique et de l’actualité en général, des «Droits et obligations des concessionnaires» qui prévoient que: «Les concessions sont des mandats de prestations. Elles contraignent les radios et télévisions locales à garantir un service public à l’échelon régional en fournissant une information complète sur les réalités politiques, économiques et sociales et en contribuant à la vie culturelle dans la zone de desserte.»
Bien évidemment, la direction de la jeune chaîne, aura beau jeu d’invoquer le fait que la grille des programmes sera complète dès la fin septembre car «[la] rentrée a été ralentie par les dégâts d’eau dans [leur] studio, au sous-sol de Beaulieu, qui est encore en chantier.»Il n’en reste pas moins que le choix qui a été fait, après quelques infiltrations aqueuses, est de mettre les moyens restants dans une information purement nationale et que ce choix est en complet décalage avec les promesses faites lorsque le conseil communal de Lausanne à accordé la modique de 1,2 millions pour entrer dans le capital de Vaud-Fribourg TV, tout rassuré qu’il était par la garantie que «les tâches d’information régionale devront impérativement être reprises par la nouvelle structure».
Tout cela pour dire que le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) devrait peut-être prendre la peine de regarder La Télé et, éventuellement, de remettre à l’ordre ses dirigeants qui ont peut-être un peu tendance à nous prendre pour des bouffons.
* Ce à quoi Fathi Derder a rétorqué: «On peut vous le confier un moment au Département.» Pas sûr que ce soit là une preuve d’estime pour son collaborateur …
- Crédit image : © la télé – Vaud Fribourg TV SA / Leman Bleu SA – 2009