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Quand les formats compressés dégradés sonnent mieux que les fichiers sources !

Publié le 14 septembre 2009 par Istillbelieveinmusic

J’en suis le premier étonné, mais il semblerait que les formats compressés sonnent mieux à l’oreille (de certains experts) que la source elle même ! Je vous invite à lire cet(te) article/expérience très intéressant(e). Comme quoi, parfois, les défauts “embellissent” les choses…

Entouré de haut-parleurs géants diffusant en boucle le même morceau de musique classique, j'ai fini par me sentir comme Alex dans « Orange mécanique », forcé d'écouter « la Neuvième de Ludwig Van ».

Pourtant, l'objectif du test à l'aveugle organisé par MusiClassics jeudi dans un studio parisien n'était pas de lobotomiser le cerveau des cobayes invités. Au contraire, il s'agissait de l'entrainer à percevoir les différences de qualité de formats de compression utilisés par les sites de téléchargement de musique.

Pour chacun des quatre extraits de musique classique choisis, six versions étaient diffusées aléatoirement : cinq technologies différentes et le « master », le fichier son originel. (Voir la vidéo)


Mais pour donner une note sur 10 à chacune de ces versions, il faut être capable de déceler une différence entre elles ! Et dès le premier morceau, un extrait de la 3e étude symphonique op. 13 de Robert Schumann, je sens que ce sera une gageure.

En fait, je suis vite complètement perdu. Avec moi, des blogueurs spécialistes de musique, dont Romain Sulpice (MyGoodZik), Laurent Belando (Rocktrotteur.com) et Frédéric Neff (Viva Musica). Ils semblent avoir l'oreille plus fine et commencent à griffonner les notes (sur 10) attribuées à chaque morceau.

On dirait que ça criaille un peu dans les aigus, non ?

En fermant les yeux, ce n'est pas mieux : mon esprit divague, je peine à me concentrer sur le son. Petit espoir au deuxième extrait (un passage de l'opéra « Didon et Enée », de Purcell) : on dirait que dans certaines versions, ça criaille un peu dans les aigus, ou que les basses manquent parfois de profondeur.

Autopersuasion ? A force d'entendre et de ré-entendre chacune des six variantes de la symphonie n°8 de Mahler, la troisième oeuvre testée, j'arrive à dégager un classement qui me semble cohérent.

Mais sur le dernier morceau, le concerto pour violon et cordes n°1 de Mendelssohn, mes esgourdes saturent, je me rends compte que je ne suis plus capable de distinguer un stradivarius sorti du studio d'un crincrin enregistré sur un dictaphone.

Le MP3 classé bon dernier… juste après la version non compressée !

Une fois le test terminé, je donne mes quatre séries de notes. Et le verdict tombe : globalement, j'ai préféré la musique compressée plutôt que la « source », la version non altérée.

Je ne suis pas le seul : sur l'ensemble des douze testeurs (dont la claveciniste Claude Nadeau et le fondateur du label Saphir productions Pierre Dyens), le « master » arrive en moyenne en avant-dernière position du classement. Soit juste avant le MP3, format qui a sonné un peu creux à la plupart des oreilles ce soir-là, même en version 320 kbps :

  1. WMA 320
  2. AAC 320 (ces deux technologies obtenant des notes très proches)
  3. AAC 192
  4. WMA 192
  5. Source
  6. MP3 320 (loin derrière)

Pour les non technophiles : l'AAC est le format utilisé par Apple pour son service de téléchargement de musique iTunes, le WMA est promu par Microsoft, et le MP3 un mode de compression plus ancien mais encore très utilisé (Rue89 s'en sert par exemple pour les sons intégrés aux articles).

Jean-Hugues Allard, cofondateur de MusiClassics, explique que parmi les sujets testés, même les plus exigeants, prêts à se payer un équipement dernier cri pour écouter leurs oeuvres préférées, se sont fait prendre, et n'ont pas donné la meilleure note au son sorti direct du studio.

Chaque format de compression donne au son une tonalité différente

Samer Roumieh, l'autre cofondateur, a une explication convaincante : chaque technique de compression donne une « tonalité », une « couleur » propre à la musique.

Par exemple, ceux qui aiment un son « plus brillant », « plus mat », « plus chaud » ou « plus froid » seront attirés par l'une des compressions en lice, la privilégiant aux autres… et à la source, trop neutre pour être douce à leurs oreilles.

Reste que les différences sont de toute façon très difficiles à déceler, ce que reconnaissaient les participants à l'expérience, habitués aux débats entre initiés sur la perte de qualité de la musique depuis l'avènement du téléchargement : « Avec ces résultats, on va faire pleurer du troll », s'amusait un blogueur.

Dans quelques jours, MusiClassics proposera aux internautes de se livrer au même exercice, cette fois en téléchargeant les extraits et les diffusant sur leur propre équipement : surprises en perspective pour les amoureux du bon son.


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