Jun Nakamaya a maintenant soixante dix ans et vit en solitaire et sa voisine et seule amie ne soupçonne pas un instant qu'il fut au début du siècle une des grandes stars du cinéma muet d'Hollywood. Il est cependant tiré de sa retraite par un jeune scénariste passionné par cette période du cinéma, qui veut faire un article sur lui à l'occasion de l'ouverture d'un musée du cinéma muet, et voudrait également le voir jouer dans un film qu'il a écrit.
Jun n'est pas tenté au début de se replonger dans ce milieu qu'il a abandonné soudainement en 1922, au fait de sa carrière. Mais les souvenirs de sa jeunesse affluent, le passé remonte à la surface, les visages lui reviennent en mémoire, tout comme certains évènements qu'il n'a eu de cesse d'enfouir toutes ces années... Il accepte finalement de tourner un bout d'essai mais se trouve vite piégé par la curiosité du producteur du film qui fouille dans son passé.
J'ai dévoré ce roman que j'ai trouvé très intéressant de bout en bout. Je ne connais rien en effet à l'histoire du cinéma, n'étant pas du tout une cinéphile accomplie, et encore moins à cette période des débuts du cinéma muet à Hollywood. Les souvenirs de Jun nous emportent en arrière, dans cette période d'effervescence totale, de création, de passion. Les fêtes, la vie de star, les intrigues cachées derrière les caméras, les jalousies, le racisme de l'époque (Jun est le premier acteur japonais à se produire dans des films qui sont des succès malgré l'opposition très forte que les japonais rencontrent dans cette région des Etats-Unis), tout cela m'a passionnée.
De plus, j'étais tenue en haleine tout au long du livre pour découvrir enfin la cause de l'abandon de carrière de Jun, qu'on ne découvre qu'au fur et à mesure que celui-ci nous dévoile sa vie et celle de ceux et celles qui l'entouraient à l'époque. Dommage qu'il soit si prétentieux, pédant, un brin désagréable et surtout très lâche, on en vient presque à se dire qu'il l'a bien cherché... mais il se rachète fort heureusement à la fin de l'histoire, fin à laquelle je ne m'étais pas du tout attendue.
Le style est fluide et agréable à lire et j'ai beaucoup aimé passer de la période actuelle aux années 20, vaguant ainsi au grés des souvenirs du héros. Une belle lecture pour moi, donc, et je remercie vivement Chez les Filles et les Editions Phébus pour cette belle découverte !
Les avis sur ce roman sont cependant très variés : Amanda a trouvé ce roman "nostalgique parfois tout en finesse, parfois soporifique". Pour Clarabel "ce sont "375 pages dévorées avec gourmandise et reconnaissance d'un livre bien fait, bien écrit et bien fourni". Cathulu , ce fut "Un moment de lecture tout à fait charmant". Chez Sassenach, les coeurs dansent. Papillon, elle, n'en gardera "pas un souvenir impérissable…". Pour Sylire, c'est "Une belle découverte ", Leiloona pense que "c'est un roman qu'il faut apprivoiser". Lael a abandonné au bout de 50 pages, Malice n'a pas été emballée... et beaucoup d'autres encore répertoriés sur BOB et sur le moteur de recherche de Calepin (vraiment pratique, merci encore, Calepin !).