La pensée est imparfaite
si elle ne tient pas en quatre vers.
L’amour est imparfait
s’il ne tient pas dans un seul ah !
Le poème se refuse
si je cherche le mètre et la rime.
La vie est incomplète
si elle ne tient pas dans un seul oui.
Je me suis endormie avec un poème sur les lèvres.
Au réveil — avalé — le poème n’était plus là.
Et pendant tout le jour — j’ai eu mal à l’estomac.
Si tu as peur — écris.
Si tu redoutes d’écrire — souviens-toi.
Si tu crains de te souvenir — écris.
J’écris. J’ai peur.
Le poème est un répondeur téléphonique.
L’auteur s’est absenté. Il y a peu de chance qu’il revienne.
Le cas échéant, laissez un message
après avoir entendu le coup de feu.
Véra Pavlova, L’Animal céleste,
anthologie traduite du russe par Jean-Baptiste et Hugo Para, éditions
L’Escampette, 2004, p. 15, 58, 65 et 96.
Contribution de Tristan Hordé