Le 9 septembre dans le mythique studio 104 de la Maison de la Radio. Environ 200 chanceux tirés au sort pour assister au concert « ultra privé » de Gossip retransmis en direct sur le Mouv’. Voilà le décor d’un concert aussi bref qu’intense.
Les choses avaient pourtant mal commencé. Double consternation : des sièges comme dans “je vais être assis dans un siège pour le concert de Gossip…?” et l’arrivée de Sliimy comme dans “je me suis trompé de concert, je me suis trompé de concert…”.
Et puis, avec une précision toute radiophonique, à 22h : Beth Ditto. Orange, les cheveux ; noire, la robe (moulante) et le public déjà extatique.
Elle adresse quelques mots auxquels on répond par un sourire impatient et le spectacle commence. La chanson Pop Goes the World menée bon train (à croire qu’elle savait que le concert ne durerait que 48 min) et très vite quelque chose se passe. Dans un moment de génie collectif rare, le public qui expérimente les limites de la danse assise, se lève. Tant pis pour la fillette de 10 ans derrière moi et qui se vengera plus tard en accompagnant la reprise de Nirvana de sa voix de crécelle. On est debout et ne se rassoira pas !
Le concert se déroule à un rythme effréné qui nous laisse à peine reprendre notre souffle. Le sien ne faiblit jamais. Plus qu’une voix, plus qu’un personnage, on découvre une bête de scène. Les chansons de son excellent dernier opus “Music for men” s’enchaînent et à chaque fois elle en fait un objet nouveau, un aboutissement de la version studio. Avec un réel sens du public, Beth Ditto nous emmène très vite, très loin dans sa sauvagerie plantureuse. Elle danse avec grâce et l’on croit un instant voir une Nana de Niki de Saint Phalle prendre vie. Elle est à l’aise, sûre d’une voix à l’épreuve de toutes les gesticulations, téméraire dans l’expressivité.
Soyons clair, cette efficacité doit beaucoup aux musiciens qui l’accompagnent car Gossip ne se limite pas, pour fascinante qu’elle soit, à Beth Ditto. Brace Paine à la guitare et Hannah Blilie (qui a prêté son visage pour la pochette du dernier album) à la batterie servent avec fidélité les impulsions de la chanteuse et rendent possibles ses fulgurances rock.
Enfin, quelques reprises destinées, hélas, à faire chanter le public français : La vie en rose et un Feels Like Teen Spirit (si bien nommé en l’occurrence) ô combien douloureux. Et puis, apothéose, Standing in the Way of Control : Beth Ditto s’élance dans la salle. Elle en fait péniblement le tour, escaladant à l’occasion les sièges dont, décidément, on ne saisit toujours pas l’utilité.
Là où n’importe qui serait grotesque, Beth Ditto fait le spectacle.