Pour certains c’est reprendre les bases d’une langue étrangère, revoir les règles de grammaire… cela viendra. Je prendrais beaucoup de plaisir à reformer mes bases lésées par un manque d’adéquation à l’éducation.
Il y a aussi cet énorme travail sur soi, que certains parents laissent en suspend par manque de prise de conscience, par peur, devrais-je le dire… par fuite. Le fait d’accompagner un enfant dans la vie, au quotidien, renvoie énormément d’émotions, rappellent notre éducation, délogent nos faiblesses, traquent les irrespects vécus dans notre enfance. Ce travail m’a pris beaucoup de temps, d’énergie… et m’en prends encore. Il a entrainé des nuits et des nuits d’insomnie, me débattant contre mes propres démons, contre moi en diablesse, mi-animal traqué, apeuré, en souffrance, mi-dragon, hurlant, vociférant, lâchant de nombreux cris primales sortis alors trop tard, pas à propos (et surtout source d’une violence verbale gargantuesque). Je continue ce long chemin vers une parentalité plus respectueuse.
Mais nos apprentissages sont aussi présents sur des manques. Avec le petit d’homme, j’apprends la grammaire émotionnelle. Je reprends ici le terme d’Isabelle FILLIOZAT dont je n’ai encore rien lu mais cette grammaire me plait dans ce qu’elle entraine de notions : connaissance et organisation, nouvel ordonnancement en fonction de notre objectif. C’est impressionnant de constater notre incapacité à distinguer nos émotions. Oui, oui, bien sûr la peur, la colère, la joie, la tristesse… mais n’est-ce que cela ? Bien-sûr que non. Nous avons un panel très large de sentiments. Mais j’ai toujours du mal à distinguer les nuances. Alors à chacun ses premières approches des sentiments.
Pour le lutin, des pictogrammes et images pour les sentiments de base qu’il peut rencontrer.
En support, je lui propose « Les sentiments » de Patricia GEIS et Sergio FOLCH.
Je regrette juste que les illustrations ne soient pas assez contrastées avec le fond coloré, visuellement c’est difficile de se concentrer. J’ai d’autres livres qui nous aideront à aller plus loin, d’autres proposent des histoires où les sentiments sont encore plus fins, ce sera pour plus tard.
Pour ma part, je lis « Les mots sont des fenêtres (ou ce sont des murs) » de Marshall B.ROSENBERG, entre autres.
Appréhender la communication non-violente CNV me permet d’apprendre à reconnaitre mes sentiments et de tenter d’y voir les besoins sous-jacents. De la théorie pertinente et de la pratique qui se fait attendre (par manque d’exercice ou de sérénité). La connexion entre besoins à satisfaire et communication sans jugements ni ordres est un apprentissage de tous les instants, qu’il me faut commencer, appréhender et continuer pour que le petit loup l’adopte aussi.
Les sentiments se sont plastifiés pour être manipulables et positionnables sur le réfrigérateur (ou ailleurs), sentiments satisfaits et insatisfaits. J’essaye de me familiariser avec les besoins de 9 familles différentes :
- Besoins physiologiques, bien-être physique ;
- Sécurité ;
- Empathie, compréhension ;
- Créativité ;
- Amour, intimité ;
- Jouer ;
- Repos, détente, récupération ;
- Autonomie ;
- Sens, spiritualité ;
Maintenant il reste à suivre les 4 étapes :
1/ observations des faits objectifs (sans jugement moralisateur, sans évaluation)
2/ sentiments, émotions et évaluation masquée
3/ besoins, valeurs et non envies ou désirs selon une stratégie
4/ demande qui va déboucher sur une action, stratégie, solution et non exigence
*source CNV
Et puis pour ne pas étiqueter notre loupiot, ne jamais lui laisser croire qu’il n’est que… pour ne pas l’enfermer dans un rôle au jugement de valeur, un livre pour se rappeler aussi, qu’en tant que parents, l’étiquetage est rapide, le manque d’écoute aussi. « Des mots plus légers » de Youn YOUNG-SEON et illustré par Jeun KEUM-HA, un vrai bijou !
Il est lent, timide, craintif, solitaire, meneur, maladroit, capricieux, déterminé…. un peu, par philosophie de vie, par grammaire émotionnelle différente et puis surtout avec poésie : les mots deviennent plus légers.
« Je dédie ce livre aux enfants qu’on n’écoute pas assez. J’espère toucher le cœur de tous les lecteurs, quels que soient leur âge, leur nationalité ou leur origine. Face à l’indifférence des adultes parfois trop occupés, les enfants ne parviennent pas à exprimer leurs sentiments et, peu à peu, referment leur cœur. Dites à ces enfants repliés sur eux-mêmes qu’ils ont le droit de crier : « Ecoute-moi ! ». Ensuite, écoutez-les. Leurs « maux » seront plus légers… »
Youn YOUNG-SEON.
Ainsi même lent, il aura le masque d’un pingouin qui prend son temps, même difficile le masque d’un wapiti conscient des notions de santé mais incapable de manger ce qu’il faut, même musicien le masque d’une tortue dansante et swinguante peu à la voix peu musicale mais à l’oreille fine et le cœur emballé, même maladroit le masque d’une chenille incommodante pour les papillons avant de devenir elle-même un papillon. Un masque animalier à prendre, a laissé de côté mais juste un masque éphémère. Une manière de se présenter aux autres au jour d’aujourd’hui… en attendant plus d’écoute demain. Ces animaux se rajouteront au gorille de la colère (ou du T-Rex), animal de compagnie depuis la lecture continuelle de « Les colères » de Catherine DOLTO.
« La lecture d’un album illustré est une sorte de « conversation » avec les dessins. Un album aussi profond que le regard d’un ami avec qui l’on communique sans parler est un livre non seulement pour les enfants mais aussi pour les adultes qui se souviennent d’avoir été enfants. » (extrait de cette édition Flammarion, collection « petits matins » : Expression, exploration, intuition, émotion… »)
C’est pourquoi ils prennent une place toujours plus importante dans notre bibliothèque commune.