En temps de crises c’est connu, on gratte les fonds de tiroirs et chaque économie a son importance. Depuis que j’écris sur des blogues, je vous parle de mon fantasme de voir un jour les paradis fiscaux démembrés. La crise a cela de bon. Les gouvernements dans le trou accentuent la pression sur les banques et professionnels complices de l’évasion fiscale. Tellement, que chaque semaine des citoyens se dénoncent eux-mêmes afin d’éviter des poursuites et saisies.
Le principe d’évasion fiscale est bien plus pervers qu’il ne paraît. Par exemple, un entrepreneur bien nanti a déjà droit à toutes sortes de stratagèmes pour diminuer son taux d’imposition. Sociétés apparentées, crédits fiscaux, subventions, compagnies de gestion, fiducies, REER, polices d’assurance…etc.
Si les revenus continuent de croître, ils finissent par payer de l’impôt sur leurs actifs… et là, ça ne va plus. Leurs avocats et fiscalistes finissent par les convaincre de sortir du pays leurs épargnes, car, 30% d’impôt, disent-ils, «ça n’a plus de sens!» C’est cela qui m’horripile. Ils viennent à évacuer toute forme de gratitude de leurs considérations fiscales. Ils viennent à oublier que s’ils ont si bien réussi, c’est à cause de leur éducation, de leur flair, des opportunités canadiennes et québécoises ET, surtout l’excellence de leur main d’oeuvre.
A ce chapitre, un des hommes les plus riches de la planète est admirable. Le magnat de l’investissement Warren Buffett a déjeuné la semaine dernière avec des sénateurs démocrates. Il a expliqué à son audience que, grâce aux coupures faites dans le système de taxation durant le règne de Georges W. Bush, il payait moins d’impôts que certains des employés de son entreprise Berkshire Hathaway. Cherchez l’erreur, monsieur Buffett vaut plus de 40 milliards.
Il a surpris tous les sénateurs en dévoilant qu’il ne payait que 16,5% d’impôts sur ses revenus et 15% sur ses gains en capitaux et en dividendes. À l’opposé, un américain qui gagne entre 33 000$ et 83 000$ doit plutôt en payer près de 25%. Heureusement, une bonne partie des allègements fiscaux instaurés par Bush prendront fin l’an prochain et Buffett considère que les riches devront payer davantage.
Retourner une partie de sa richesse à la société est équitable et souhaitable. Être rendu à resserrer des lois ou en créer des nouvelles pour faire comprendre aux plus nantis qu’ils doivent payer leur dû, est pathétique. Mais c’est le propre de l’esprit humain. Dans la grande richesse ou la plus abjecte des pauvretés, le sens moral s’effrite, comme de l’asphalte! Il ne reste que le rang du milieu pour comprendre, subir et …payer!