Sarane Alexandrian est décédé ce week-end. Il avait bien vécu, du haut de son grand âge et de sa sagesse distante, lui qui avait eu l'honneur suprême de se faire excommunier par Breton comme tous les vrais surréalistes. Je ne pourrais écrire ici son éloge funêbre car je n'ai lu qu'un seul de ses livres, mais je l'avais trouvé particulièrement lumineux.
Comme un phare de moto dans la nuit. Ou un vers luisant au milieu du fumier.
"60 romans au goût du jour et de la nuit" publié par Fayard en 2000 est un inventaire d'idées et de synopsis de romans à écrire, avec une propension de l'auteur à reprérer ce qui n'a pas encore été ni fait, ni tenté ni réussi. A l'heure où les blogs multiplient les recettes pour aider les auteurs à se faire publier (les pires comme les meilleures), je recommande chaudement la lecture de ce traité qui n'est certainement pas le bon guide pour trouver un sujet vendeur mais permet, justement, de retrouver les traces du roman ambitieux, littéraire, simplement différent.
Alexandrian était d'une génération où on ne parlait de soigner l'image d'un écrivain mais tout simplement de préserver celle, bien plus sacrée, de la littérature, cette discipline magique où les mots font autre chose que vendre et communiquer.
Je ne sais pas si le livre est encore disponible. Il me semble en tout cas très recommandable en guise d'hommage.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 19 septembre à 08:40
Bonjour merci pour votre note si sensible. Le départ de Sarane c'est une page arrachée à la vie, la vraie vie s'entend pour paraphraser André Breton. Charge à nous de continuer à "tenir le fil".