Les quelques arbres de la ville,
Avec un ensemble émouvant,
Font pleuvoir leurs feuilles tranquilles
Sur les enfants.
Et l’on dirait que dans les rues
Et dans les cours où l’ombre dort,
Une main inconnue
Fait doucement pleuvoir de l’or.
Les tramways vont, les autos filent,
Les gens se pressent sans rien voir,
Un avion fait sur la ville
Une ombre de grand oiseau noir.
Un large soleil de nickel
Brille, glacé, aux devantures.
Plus un ange ne s’aventure
Sur les hauts trapèzes du ciel.
Et polie ainsi qu’un ivoire
Derrière un petit rideau blanc,
Une vieille sourit de voir
S’affairer sans fin les passants.
(Maurice Carême)