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Personne, c'est la nuit qui passe commande

Publié le 14 septembre 2009 par Didier54 @Partages
Ma contribution au défi photo. Mot de la semaine : Personne.
Personne, c'est la nuit qui passe commande
Tu penses aux fameux Buzzzzzzzzzz dont tout le monde parle finalement, tectonique du rebond, vision en creux, tu te laisses même embarquer parfois. N'as-tu pas évoqué comme personne la grippe A, les gesticulations du président, le réchauffement climatique, le capitalisme, etc.
Tu te demandes quelle mouche les pique donc, tous.
A sauter comme ça sur le premier syndrome venu. A cumuler les constats.
Ce ne sont plus des baluchons. Mais des semelles de plomb.
Tu te demandes mais à quoi ça rime sans trouver de réponse. D'ailleurs, tu n'as même pas mis de point d'interrogation. Tu observes juste que ça semble se repaître dans ce matelas difforme et conforme.
Tu te sens du monde, comme chacun, et pas du tout de ce monde, y'a personne. Mais quelle importance ?
Pendant ce temps, ça buzzzzzzzzzzzz à tout va, l'image et le son, sans le bruit et l'odeur. Personne est aux manettes.
Tu as en tête l'image de ces bestioles qui viennent en couillons s'emplâtrer contre tes phares lorsque tu roules la nuit. Tapissent la carlingue. Ne sont pas suspects, ces suicides insectes, ils sont seulement étranges. Mais ce sont des insectes. Plus étrange c'est quand ce sont des humains. Y'a quelqu'un ? Oui, bien sûr. Plein de quelqu'un, ici, là. Partout. C'est juste que personne ne répond. Plus on est abonnés, plus on est absents.
Les Cassandre, c'est une autre paire de manches que des volatiles nocturnes. Ce sont tes frères, tes soeurs, tes amis. Tous buzzzzzzzzzzzzifiés : oui, tu les appelle les cassandre. Parce qu'ils voient le mal et l'inquiet partout, s'en cherchent quand ils n'en trouvent, s'en trouvent plus qu'ils n'en cherchent. C'est devenu un sport national, international peut-être. On dirait qu'ils scrutent. Et pestent, grognent, vitupèrent, se taisent, se terrent. Chacun sa méthode. Toutes ces phalanges nouées, quand même, tous ces doigts de cassandre, ça en fait, des ongles rongés.
Et pendant ce temps-là, pendant que les buzzzzzzzzzzzz alimentent la chronique comme on assèche un puits ou déforme la réalité, l'ami artiste fronce les sourcils, pleure des larmes vides devant la panne sèche, mine morose. Descendre à la mine en rêvant à des roses. Noyé dans le buzzzzzzzzz, il ne comprend pas. Il ne comprend plus. Rien ne vient. Pourtant : n'est-ce pas ainsi que ça se passe ? La vie ne jaillit-elle pas de la nuit amiotique ? Ne sort-on pas d'un corridor pour débouler sous le feu des projecteurs ?
Alors tu as envie de saisir les cassandre par le colbac pour faire le buzzzz et leur mettre l'artiste sous le nez, histoire de dire, mais aimez vos larmes, bisez vos soucis et vos amertumes, ne sont-ce pas elles qui, justement, permettent la création ? N'est-il pas là, le soleil qui vous désespère, dans ces interstices qui plombent et mettent sur les dents. J'ai nommé le creux de la vague. On traque le jour. C'est la nuit qui passe commande.
Né nu phare.

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