Souvenez-vous : c'était en mai 2008. Le leader druze Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste (PSP) et figure éminente de la majorité politique libanaise, réclame, à l'occasion d'une conférence de presse la destitution de l'officier responsable de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth, Walid Choucair, ainsi que l'expulsion de l'ambassadeur de la République islamique d'Iran, Mohammed Reda Chibani, et l'interdiction des vols de la compagnie Iran Air. S'en suivront, quelques jours plus tard, des accrochages sans précédent entre le Hezbollah, épaulé par ses alliés de Amal et les miliciens pro-14 mars, fidèles à Saad Hariri, chef de la majorité et proche de Joumblatt... Les Libanais eurent chaud. Ils échappèrent de justesse à une nouvelle guerre civile, sauvée par les accords de Doha...
"Nous avons besoin d'armes anti-char... Je pense qu'on peut trouver ce genre d'armes en Iran, Russie ou Chine", dit-il. En précisant : « Les Américains ne sont pas disposés à nous fournir de telles armes. Ils ont peur qu'elles soient utilisées contre Israël. Okay, mais mon ennemi est Israël ».
En juin, il avait déjà surpris son monde en rencontrant Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah (voir photo ci-dessus).
Expert en coups tordus et retournement de veste, Joumblatt a tout du parfait politicien : il avance dans le sens du vent. Son divorce du 14 mars est avant-tout stratégique. Il a tiré les leçons des affrontements de mai de 2008 en réalisant la difficulté à faire le poids contre le Hezbollah, et surtout il a pris acte de la fin de la politique d'isolement de la Syrie.
Ce vieux briscard de la politique libanaise n'a pas fini de nous surprendre. Mais c'est aussi le secret de sa survie politique.