L'HoMME SANS CRAVaTE. Elisabeth Hamidane

Par Collectif Ratures // Poésie // Grenoble

    Squelettes se disputant un hareng saur. James Ensor (1891)

 La cravate sans la montre 

 Sans corps pas de prime 

Se disent les grands hommes quand ils ferment les yeux  aux autres les insignifiants vidés

D’un organe puis deux puis trois un peu plus ou moins qui vivra se réveillera et verra

Mais moi je ne vois pas de guillotine j’imagine seulement mon index courir sur la cravate qui cacherait ton infâme cicatrice celle qui éructe de l’aine à ta pomme d’Adam

Un cliché disparaît                                                                                                              Puis plus rien

En ta mémoire

Ô charogne muette, que dirais-tu si tu pouvais raconter

Mon oreille cherche ton souffle mes pensées tes pensées

Tes yeux verrouillés m’ouvriraient presque les murs sans portes richement décorés

De ta ville prise à la gorge nouée de béton sale d’acier de sable d’or sans fin

Comme une antique mer  épuisée

De bercer les âmes tourmentées sous l’œil indifférent d’une montre arrêtée