Squelettes se disputant un hareng saur. James Ensor (1891)
La cravate sans la montre
Sans corps pas de primeSe disent les grands hommes quand ils ferment les yeux aux autres les insignifiants vidés
D’un organe puis deux puis trois un peu plus ou moins qui vivra se réveillera et verra
Mais moi je ne vois pas de guillotine j’imagine seulement mon index courir sur la cravate qui cacherait ton infâme cicatrice celle qui éructe de l’aine à ta pomme d’Adam
Un cliché disparaît Puis plus rien
En ta mémoire
Ô charogne muette, que dirais-tu si tu pouvais raconter
Mon oreille cherche ton souffle mes pensées tes pensées
Tes yeux verrouillés m’ouvriraient presque les murs sans portes richement décorés
De ta ville prise à la gorge nouée de béton sale d’acier de sable d’or sans fin
Comme une antique mer épuisée
De bercer les âmes tourmentées sous l’œil indifférent d’une montre arrêtée