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Scarlett Johansson & Pete Yorn : « Insuffler de la vie dans les histoires qu'on interprète »

Publié le 13 septembre 2009 par Albumsono
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Hôtel Bristol ce vendredi. Les journalistes attendent à l'entrée de la chambre où Scarlett Johansson et Pete Yorn donnent une série d'interviews avant une conférence de presse l'après-midi. Les attachés de la star passent en revue les questions de France 2. « On a presque l'impression d'interviewer Obama », lâche un membre de l'équipe. Pour la presse écrite, c'est plus tranquille. La comédienne et chanteuse, habillée d'une robe à pois, et le chanteur folk, s'assoient avec simplicité face à moi pour faire la promo de leur album « The Break Up ». L'interview peut commencer avec pour consigne de parler musique et de ne pas s'adresser uniquement à Scarlett Johansson. Message entendu.

Comment est né le projet ?

Pete Yorn : J’ai eu l’idée de faire un disque de duo à noël 2006 après avoir découvert la chanson « Bonnie & Clyde ». J’en suis tombé amoureux. Je ne l’avais jamais entendu auparavant. J’aime cette dynamique où lui parle, elle répond. J’ai pensé que c’était un bon moyen de traiter les relations amoureuses. Brigitte Bardot m’a fait penser à Scarlett. Elles ont un peu la même présence. Je lui ai envoyé un texto pour savoir si elle voulait faire ce disque. Elle m’a dit : « oui . Ça a l’air fun. »

Vous vous connaissiez déjà ?

P. Y. : Un peu mais je ne l’avais pas revu depuis un an. J’espérais qu’elle dirait oui. Je ne savais pas bien où j’allais mais je pensais que ça pouvait être une expérience intéressante. Il était clair depuis le début que si l’un d’entre nous n’était pas satisfait du résultat, on arrêtait tout. J’ai commencé à travailler les morceaux avec mon cousin et le producteur Sunny Levine. Scarlett est venue deux après-midi en janvier 2007 chanter ses parties sans même avoir entendue une note de musique. Et elle s’en est parfaitement sortie. C’est une superstar.

Et il faut attendre encore deux ans pour que sorte le disque…

Scarlett Johansson : On était tous les deux très pris par nos carrières. Lui était en tournée, moi j'avais mes films et j’ai enregistré un disque. Puis au départ, on ne l’avait pas vraiment conçu comme un album. Juste une série de chansons comme ça. Quand il m’a appelé pour me dire qu’elles avaient été masterisées. J’ai été les écouter. Elles m’ont beaucoup plus. Lui aussi été content du résultat. Alors on les a mises dans nos iPods pour pouvoir les écouter. Mais il n’y avait aucune pression pour qu’elles sortent. De toute façon, on était très occupés. Avec le temps, on arrêtait pas de se répéter à quel point les chansons étaient réussies. On s’est dit qu’elles plairaient peut-être à d’autres personnes. Et ce fut le cas. Le label qui avait sorti mon disque de reprise de Tom Waits [« Anywhere I Lay My Head »] a aimé le résultat et accepté de le sortir.

Est-ce que la sortie de votre premier album vous a encouragée à sortir celui-ci ?
S. J. :
La sortie de l’album de Tom Waits m’a surtout permis de rencontrer un tas de personnes qui travaillent dans la musique. Et celles-ci m’ont facilité la sortie de ce nouveau disque.

Musicalement, le disque rappelle la musique des années 1960-70 mais avec une touche de modernité…

P. Y. : Pour moi, c’est quelque chose d’important. Beaucoup de personnes font ou bien des disques retro ou bien des disques très modernes. Moi, ce qui m’a toujours intéressé c’est de produire quelque chose d’assez classique, mais remis au goût du jour avec des textures plus contemporaines. Sunny Levine nous a aidé à ça.

S. J. : Le disque me fait penser à une pop un peu old school. Pete est inspiré par pas mal de groupes de filles de cette époque là. C’est un hommage à cette période mais ce n’est pas retro. Certains artistes ne font que copier la musique du passé. Autant écouter les originaux. J’aime quand on entend les influences tout en se disant qu’on n'avait jamais entendu cela jusqu’ici.

Déjà le disque de reprises de Tom Waits apportait un traitement moderne à des chansons plus anciennes…

S. J. : Quand j’ai commencé le disque, j’ai très vite compris que de simples reprises ne feraient pas un projet très intéressant. Il fallait vraiment réinterpréter les chansons pour des oreilles plus jeunes. C’est passé par un travail important sur le son.

Comment s'est glissée dans le disque la reprise d'« I am the cosmos » ?
P. Y. :
J’étais très fan de la chanson. Quand je l’ai découverte, j’ai tout arrêté pour la réécouter. Je trouvais que le morceau s’intégrait bien dans mon projet, sans imaginer une seconde que ce serait son moment d’éclat à elle. Puis quand elle a enregistré, je me suis dit : « C’est parfait comme ça. » Même pas besoin d’en faire un duo.

Le disque étant construit comme un dialogue entre un homme et une femme, est-ce que le fait d’être actrice vous a aidé à interpréter ces chansons ?
S. J. :
Les chanteurs que j’admire sont ceux qui arrivent à insuffler de la vie dans les histoires qu’ils interprètent. C’est comme de la poésie. Il faut que l’interprète vive ce qu’il chante. Donc il y a pour moi beaucoup de points communs entre le métier d’acteur et de chanteur. On interprète des chansons. Aujourd’hui, les gens sont toujours surpris quand un acteur chante ou quand un chanteur fait la comédie, mais dans les années 1950 et 1960, les passerelles entre les deux étaient constantes. Que ce soit Judy Garland, Sinatra. Même Audrey Hepburn pouvait pousser la chansonnette dans ces films. On a un peu perdu ça de vu.

Les chansons et les voix sont très différentes les unes des autres…

S. J. : On s’en est rendu compte en avançant. Chacun a sa propre voix, son propre style.

La production est assez dépouillée avec des voix mises en avant…

P. Y. : J’aime bien la production du disque. Il n’y a pas beaucoup d’éléments, mais tout semble à sa place. Tous les instruments s’entendent très clairement.

Qu’a amené Scarlett à vos compositions ?

P. Y. : Elle a amené une énorme présence. Plus encore que ce que j’imaginais au départ. Elle a aussi amené une perspective féminine universelle. On n’a jamais l’impression que les morceaux parlent de la vie de Scarlett. J’ai l’impression que les chansons touchent à quelque chose qui va au-delà de moi-même ou d’elle. On touche à l’universel. N’importe qui pourrait chanter la même chose. Les parties féminines et masculines sont, d'ailleurs, interchangeables. Tout le monde peut s’y retrouver. C’est aussi pour cela qu’elle n’a pas eu de mal à trouver la note juste.

Vous vous êtiez limités à ces neuf chansons ?

P. Y. : Parfaitement. C’est la première fois que je travaille comme ça. D’habitude, j’ai toujours des tonnes de matériaux en trop dont je ne sais pas trop quoi faire.

Hier soir vous avez joué les chansons en live pour la première fois au Grand Journal. Ca vous a donné envie de continuer ?

P. Y. : Moi, ça m’a beaucoup amusé [Il la regarde].

S. J. : Moi aussi. Le disque est un peu court mais on pourrait faire des showcases. Ça pourrait être fun. En tout cas, les répétitions avec le groupe de Pete se sont super bien passées.

Vos deux projets musicaux sont basés sur des collaborations très fortes. Est-ce que vous vous imaginez travailler un peu plus seule un jour ?

S. J. : Sur l’album de reprises de Tom Waits [entièrement produit par David Sitek des TV on the Radio], j’étais la seule à chanter, mais je n’imagine pas me passer de l’aide de collaborateurs. Ça vaut aussi bien pour le cinéma que pour la musique. C’est pour moi l’essence même des ces deux arts. Puis c’est important d’avoir ces soutiens quand on créé. L’apport de plusieurs esprits rend les projets meilleurs. Les autres sont un peu mon inspiration.

Et vous avez d’autres disques cachés comme celui-là ?

S. J. : Oui, j’en ai avec Kenny Chesny [chanteur de country américain marié un temps à Renée Zellweger]. Je reviendrai en faire la promo l’an prochain [rires]. Non, plus sérieusement, pour l’instant il n’y a rien d’autre. On verra bien pour la suite.

Recueilli par KidB


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