J'ai pu lire que la représentante du MoDem 67 se réjouit de l'écho que reçoit « l'offre publique de dialogue » émise à la gauche par François BAYROU. Soit, c'est dans la ligne de la stratégie nationale du MoDem.
La création du Mouvement Démocrate émane d'un désir de voir abattu le mur de Berlin qui sépare les volontés et les bonnes idées de chaque côté de l'échiquier politique. Cette volonté de transcender les clivages traditionnels en est l'élément fondateur.
Ainsi, le fait de vouloir entamer la discussion avec les formations de gauche entre dans cette logique. Il n'y a pas là de quoi se répandre en récriminations. Cette offre de dialogue ne relève même plus d'une révolution copernicienne depuis que l'on retrouve d'anciens socialistes au gouvernement et dans les instances de l'UMP. Ici, la nature de la relation est autre. Dialoguer n'est pas débaucher.
A ce jeu de balancier, l'on risque cependant de tomber de Charybde en Scylla. Après des années d'une âpre lutte pour l'indépendance, il serait absurde que de faire la bascule avec le Parti Socialiste. Il n'y aurait rien de gratifiant que de reproduire de ce côté de la barrière le schéma UDF-RPR qui a prévalu en d'autres époques. N'entrons pas dans une nouvelle zone de féodalité.
Il n'est pas inutile de rappeler aux zélotes de l'Union (tant avec l'UMP, qu'avec toute autre formation) que les termes de dialogues et d'alliances ne sont pas synonymes. Un préalable éventuellement, mais aucunement un aboutissement.
L'écueil sur lequel le MoDem risque de s'échouer est dans ce rejet viscéral à l'égard d'un homme et d'une politique. Une dot bien maigre pour un mariage de raison. Le Mouvement risque de plonger corps et biens dans des épousailles qui aboutiront nécessairement au divorce, voire à la répudiation. En effet, je suis de ceux qui pensent que ce qui nous différencie et plus grand que ce qui nous rassemble... En serait-il autrement, que nous serions les uns et les autres, soit au PS, soit à l'UMP et non au MoDem. L'opposition à Nicolas SARKOZY ne saurait être le ferment durable d'une recomposition du paysage politique. Par ailleurs, les cartes seront redistribuées dès lors que poindra la suprême élection. Les ambitions prendront alors le pas sur la raison.
J'estime que cette main tendue vers la gauche ne doit pas être accompagnée d'un rejet de la droite et de l'UMP. Les différences sont là avec chacune des formations : une vision du rôle de l'Etat, de la société, de la place de l'homme dans le projet politique. Le principe qu'il est des hommes et des femmes de valeur tant à gauche qu'à droite ne doit pas être abandonné. Préservons nous d'un virage par trop définitif et radical.
Une question se pose pourtant. Elle me semble au coeur d'un noeud gordien que doit trancher le Centrisme s'il souhaite perdurer. En effet, comment jeter des passerelles viables et durables avec d'autres groupements politiques alors même que l'incompréhension règne entre les ressortissants de cette sensibilité ?
Les cieux centristes ne sont guère azuréens. Le schisme dans cette famille de pensée s'est construit essentiellement autour d'un axe, celui du soutien ou du non soutien à Nicolas SARKOZY. Le tronc regroupant les idées et les valeurs restent sensiblement commun. Ne citons ici que l'exemple de l'attachement à une certaine vision de l'Europe.
Des plaies non cicatrisées au plan national peuvent contribuer à envenimer les relations entre centristes de différentes obédience. Je suis cependant convaincu qu'il est possible de jeter localement les ponts qui permettront de rapprocher les partis centristes sans que quiconque n'ait à rejeter ses orientations nationales.
Aussi, avant que d'explorer de nouveaux continents, commençons par redécouvrir celui de nos origines.
Pour ce faire, il faut ouvrir le dialogue entre le Mouvement Democrate, le Nouveau Centre, l'Alliance Centriste et les composantes centristes qui sont apparues ici où là.
Un espace existe au centre, l'éclatement auquel nous sommes confrontés n'est pas tenable sur la durée.