Je l’avais entendu sur RFI raconter sa vie de photographe et militant proche du Parti communiste dans une longue interview passionnante. Incroyable qu’il eût plus de 90 ans ! Les années n’avaient altéré ni sa voix ni sa passion non plus que sa mémoire. Avec A. nous étions allées voir l’exposition de ses photos à l’Hôtel de Ville de Paris. Un véritable enchantement.
Je ne suis pas particulièrement douée pour la photo. Je sais néanmoins reconnaître ceux qui ont ce que j’appelle «l’œil photographique» et savent quasi d’instinct faire le bon cadrage et tirer parti de tout. C’est encore plus manifeste lorsqu’il s’agit d’une photo prise dans le feu de l’action.
J’ai une nette préférence pour le noir et blanc qui est certes plus exigeant. Mais quelle beauté ne permet-il pas à l’artiste tant dans les contrastes que dans les fondus. Car parvenue à un tel niveau la photo devient de l’art. L’appareil photo se fait palette.
Willy Ronis m’était aussi proche par son incontestable amour des petites gens qu’il saisissait dans leur vie quotidienne et leur fêtes avec une bienveillance souriante. Celle là-même que l’on retrouvait dans la chaleur de sa voix.
Je ne peux même pas dire que sa mort me rende triste. Il a vécu pleinement jusqu’à la fin de sa vie. Nul doute qu’il n’aura jamais eu besoin de rollex à quelqu’âge que ce fût ! Peut-être un Leica ? Il nous restera son œuvre et le souvenir d’un grand bonhomme.