Des allégories intemporelles ...
Publié le 13 septembre 2009 par Myriam
Un autre tableau remarquable de Jean-Antoine Watteau est le Pierrot, dit autrefois "Gilles" qu'il peint à la fin de sa vie, vers 1718-1719. On ne sait pas grand chose sur la genèse de cette œuvre, est-ce une enseigne pour le café que tenait l'acteur Belloni, ou est-ce la représentation d'un spectacle de forains ?
Debout face à nous, les bras ballants, ce Pierrot triste, aux yeux perdus dans le vague, a une
allure très lunaire. Tous les regards convergent vers le centre du tableau, comme le regard du spectateur happé cette tenue blanche qui semble irradier la toile ; et il se détache du ciel et des feuillages qui délimitent la toile. Le cadrage en légère contre-plongée renforce l'étrangeté de la scène : ce personnage de la
Commedia dell'arte est-il sur une scène d'un théâtre de foire ? En arrière-plan, figurent effectivement les compagnons habituels de Pierrot, le docteur sur son âne, Léandre et Isabelle, les amoureux, et le capitaine ... ou ce personnage a-t-il droit à un tableau de plein pied comme les nobles et les grands personnages d'états ? et représente de manière allégorique l'artiste ?
Philippe Sollers dit de ce tableau : "Le Gilles de Watteau est l’un des tableaux les plus mystérieux du
monde. Tout en lui est évident, lumineux, et tout est obscur."
D'une façon un peu étrange, ce tableau ne me renvoie pas à celui qu'a réalisé Derain ou encore Picasso au début du vingtième siècle, mais à un tableau bien plus ancien que j'ai pu voir à la Galerie des Offices à Florence où j'ai eu l'impression de retrouver cette même grâce éphémère et intemporelle, je veux parler de "La naissance de Vénus" peint vers 1485 par Botticelli.